Mou’awiyah l'Omeyyade et tous les événements qui ont eu lieu jusqu’à ça mort.
Al-Hassan Ibn ‘Ali se désiste en faveur de Mou’awia;
Les Sahaba arrivèrent dans le camp (mou’askar) de Hassan (qu’Allah soit satisfait de lui) à Mada'in puis ils discutèrent et se mirent d’accord sur les conditions de paix. Al-Hassan (qu’Allah soit satisfait de lui) écrivit à Qays Ibn Sa’d alors qu’il était en compagnie de l’avant garde des Musulmans et lui demanda de rentrer dans les rangs de l’armée de Mou’awiyah et de se mettre sous ses ordres. Qays Ibn Sa’d parla aux gens et leur dit : « O gens, choisissez de vous mettre sous les ordres de l’Imam de l’égarement » et les gens de répondre : « Mais non, nous choisissons de rentrer sous les ordres de l’Imam de l’égarement et ils portèrent allégeance à Mou’awiyah (qu’Allah soit satisfait de lui) ».
Al-Hassan Ibn ‘Ali (qu’Allah soit satisfait d’eux) abdiqua le califat en faveur de Mou’awiyah Ibn Abi Soufyan (qu’Allah soit satisfait d’eux) au mois de Rabi’ Awwal de l’année 41 de l’Hégire (661).
Le califat d’al-Hassan dura six mois et un jour. Un très grand nombre de personne furent grandement fâchés et en colère par son acte en faveur de Mou’awiyah jusqu’à ce que l’un d’entre eux lui dit : « Paix sur toi, ô humiliateur des croyants (as-salamou ‘aleyka ya moudil al-mou'minin) prouvant l’ignorance et la stupidité de ce sot. Mais que fit al-Hassan (qu’Allah soit satisfait de lui), ordonna-t-il de le punir ou de la frapper ? Al Hassan lui répondit : « Ne dit pas cela, je ne suis pas l’humiliateur des croyants mais j’ai détesté vouloir les tuer pour le pouvoir ! »
Mou’awiyah Ibn Abi Soufyan rentra dans Koufa et les gens lui portèrent allégeance puis il fit un discours aux gens. Puis il invita al-Hassan à parler aux gens qui leur dit : « Après cela (amma ba’d). O gens ! Allah Exalté soit-Il vous a guidé par nos prédécesseurs et vos contemporains font couler votre sang ! C’est une affaire qui dure et la vie continuera ! Allah le Très Haut a dit à Son Messager (Saluts et bénédictions d’Allah sur lui) : « Et je ne sais pas; ceci est peut-être une tentation pour vous et une jouissance pour un certain temps[3] ! » Et lorsqu’il eut dit ce verset Mou’awiyah se mit en colère et lui ordonna de s’asseoir.
L’empoissonnement d’al-Hassan Ibn ‘Ali Ibn Abi Talib
Après cela al-Hassan (qu’Allah soit satisfait de lui) quitta Koufa et se rendit à Médine ou il resta jusqu’à sa mort en l’an 49 de l’Hégire (669) puisse Allah le Très Haut lui faire miséricorde. D’autre ont dit que ce n’était pas en 49. Il est mort empoisonné et il voulut donner à son frère al-Houssayn (qu’Allah soit satisfait d’eux) le nom de celui qui lui avait donné la boisson empoisonnée mais il ne le fit pas et dit : « Allah est plus dur en châtiment si c’est celui que je pense et qui risque d’être tué à cause de moi ».
On questionna l’Imam de la Sounnah et de la Communauté Ahmad Ibn Hanbal (puisse Allah lui faire miséricorde) sur ce qui arriva entre ‘Ali et Mou’awiyah, il dit : « Lisez : « Voilà une génération bel et bien révolue. A elle ce qu’elle a acquis, et à vous ce que vous avez acquis. On ne vous demandera pas compte de ce qu’ils faisaient[4] » ».
Et lorsque la nouvelle de l’assassinat d’al-Hassan Ibn ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait d’eux) parvint à Mou’awiyah (qu’Allah soit satisfait d’eux), il se mit à pleurer et sa femme lui dit : « Pleures-tu donc alors que tu l’as tué ? » Il lui répondit : « Malheur à toi, tu ne sais pas ce que les gens ont acquis comme mérites, comme jurisprudence et comme science ! »
Abou Mouslim al-Khawlani et un groupe de gens rentrèrent chez Mou’awiyah (qu’Allah soit satisfait de lui) et lui dirent : « Penses-tu que tu es meilleur ou bien comme ‘Ali ? » Il répondit : « Non, je jure que je ne suis pas meilleur ou plus méritant que lui. Mais vous savez bien que ‘Uthman a été tué injustement et moi je suis le fils de son oncle et j’ai recherché sa vengeance. Son affaire me concerne, dites-lui qu’il me remette les assassins de ‘Uthman et moi je lui donnerais ce qu’il veut ». Mouslim al-Khawlani alla trouver ‘Ali (qu’Allah soit satisfait de lui) et ils ne trouvèrent personne pour le défendre du fait de tous les problèmes qu’il avait à faire face.
Abou Mouslim al-Khawlani (ou Khoulani) est un Tabi’i du nom de ‘AbdAllah Ibn Thoub, il devint Musulman du vivant du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) mais ne le vit pas. Il vint à Médine sous le califat d’Abou Bakr as-Siddiq (qu’Allah soit satisfait de lui) et mourut en l’an 62 de l’Hégire (681).
A propos de Mou’awiyah Ibn Abi Soufyan
L’Imam Ahmad Ibn Hanbal a rapporté de I’dad Ibn Sariyah as-Soulami qui a dit : J’ai entendu le Messager d’Allah (Saluts et bénédictions d’Allah sur lui) nous inviter à prendre le Sahour (repas de nuit avant le jeûne) au mois de Ramadan : « Venez au repas béni ! » Puis je l’ai entendu dire (Saluts et bénédictions d’Allah sur lui) : « O Grand Seigneur (allahoumma) apprends à Mou’awiyah le Livre, le calcul et préserve le du châtiment ».
L’Imam Ahmad a rapporté dans son Mousnad de ‘AbderRahmane Ibn ‘Oumayrah (qu’Allah soit satisfait de lui) que le Messager d’Allah (Saluts et bénédictions d’Allah sur lui) a fait mention de Mou’awiyah et a dit : « O Grand Seigneur, guide le, fais en un guide et fait guider par lui ».
L’Imam Ibn Kathir a dit : « ‘AbdAllah Ibn Moubarak (puisse Allah le Très Haut lui faire miséricorde) fut questionné au sujet de Mou’awiyah et il dit : « Je ne dis rien sur un homme en qui le Messager d’Allah (Saluts et bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « Sami’a Lahou Hamida » (Dieu entends celui qui le loue, qui se dit en se relevant de l’inclinaison dans la prière) et Mou’awiyah derrière lui dit : « Rabbana wa lakal hamd (O Seigneur à Toi la Louange) ». Puis on lui demanda : « Qui est le meilleur Mou’awiyah ou bien ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz ? » Il répondit : « Mou’awiyah avec le Messager d’Allah (Saluts et bénédictions d’Allah sur lui) est meilleur que ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz » ».
Et lorsque que Mou’afah Ibn ‘Imran, et Mou’afah est Ibn ‘Imran Ibn Noufayl Ibn Jabir al-Azdi le grand Imam et savant, né à la fin de la dynastie des Omeyyades et mort en l’an 186 de l’Hégire (801), fut questionné sur qui était le meilleur entre Mou’awiyah et ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz, il se mit en colère et dit : « Mettez-vous un homme des Compagnons sur le même niveau qu’un homme des Tabi’in ? » Mou’awiyah était le Compagnon du Messager d’Allah (saluts et bénédictions d’Allah sur lui), son écrivain et son homme de confiance pour la révélation d’Allah !
Personne de nos jours, s’autoproclamant savant en prétendant connaître l’histoire et les hommes, la jurisprudence et les lois, ne doit discuter sur la préséance de certains hommes par rapport à d’autres ou bien critiquer les Compagnons ! Ceci est la parole des Salaf, de nos ancêtres bien guidés et clairvoyants sur les Compagnons (qu’Allah soit satisfait d’eux) ! Comment les gens de nos jours peuvent-ils se laisser aller à de tel propos et qui sommes-nous par rapport à eux sinon de piètres Musulmans qui avons délaissé la religion que nos ancêtres nous ont légué et dont nous se sommes même pas capable de défendre.
Al-Hafiz Ibrahim Ibn Mayssarah at-Ta'ifi décédé en l’an 132 de l’Hégire a dit : « Je n’ai jamais vu ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz frapper quiconque sauf un homme qui critiqua Mou’awiyah et qu’il réprimanda pour cela ».
L’Imam Ahmad Ibn Hanbal a rapporté de Sassinah, le serviteur du Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) qui a dit : « J’ai entendu le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) dire : « Le Khilafah (califat) sera de trente années, puis après cela ce sera la royauté ».
Dans le Hadith rapporté par Tabarani dans son compilé de Hadith « al-Mou’jam al-Kabir », Mou’ad Ibn Jabal (qu’Allah soit satisfait de lui) et Abi ‘Oubaydah Ibn al-Jarrah (qu’Allah soit satisfait de lui) ont dit : « Le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « Cette affaire a commencé par la miséricorde et la prophétie. Puis il sera miséricorde et califat, puis il sera une nombreuse royauté ; puis elle laissera la place à une dictature, une arrogance et un mal sur terre. Ils déclareront la soie licite, les relations intimes hors mariage et l’alcool desquels ils recevront leur subsistance. Ils auront le dessus jusqu’à ce qu’ils rencontrent Allah Exalté et Loué soit-Il ».
Mou’awiyah (qu’Allah soit satisfait de lui) a dit : « Je suis le premier roi » et lorsque ‘Omar Ibn al-Khattab (qu’Allah soit satisfait de lui) voyait Mou’awiyah (qu’Allah soit satisfait de lui) il disait : « Celui-ci est le Kisra (César, roi) des Arabes ». ‘Omar (qu’Allah soit satisfait de lui) était étonné de Mou’awiyah.
‘Abdallah Ibn ‘Abbas (qu’Allah soit satisfait d’eux) a dit : « Je n’ai pas vu un homme qui avait les caractéristiques d’un roi comme Mou’awiyah ».
‘Abdel Malik Ibn Marwan dit sur Mou’awiyah (qu’Allah soit satisfait de lui) : « Je n’ai jamais vu quelqu’un qui avait une maîtrise de soi et un ténacité comme lui ».
‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) le grand Sahaba a dit à son sujet : « Méfiez-vous de Qouraysh et de ses enfants, de quiconque rit lorsqu’il est en colère et qui est toujours sur ses gardes ».
Mou’awiyah (qu’Allah soit satisfait de lui) était grand et beau. Il avait les cheveux et la barbe blanche qu’il teignait avec du henné ou du katam. Il devint Musulman avec son père le jour de la conquête de la Mecque et était de ceux envers qui le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) était généreux pour apaiser leurs cœurs et il était un de ceux qui écrivait la révélation lorsqu’elle descendait sur le Messager d’Allah (Saluts et bénédictions d’Allah sur lui). Il est connu, qu’il y eut plus de quarante Sahaba qui écrivaient pour le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) et parmi eux, il y avait ‘Uthman, ’Ali, Oubay Ibn Ka’b et Zayd Ibn Thabit (qu’Allah soit satisfait d’eux).
Mou’awiyah et son frère Yazid Ibn Abi Soufyan (qu’Allah soit satisfait d’eux) était en Syrie (sham) ou Yazid était gouverneur. Et lorsqu’Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) mourut, ‘Omar Ibn al-Khattab (qu’Allah soit satisfait de lui) le remplaça par Mou’awiyah (qu’Allah soit satisfait de lui). Son père Abou Soufyan (qu’Allah soit satisfait de lui) écrivit à son fils Mou’awiyah et lui dit : « O mon fils ! Ces gens des Mouhajirines nous ont précédés et nous sommes en retard sur eux. Leurs degrés sont plus élevés chez Allah Exalté soit-Il et chez Son Messager (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) que le nôtre. De ce fait, ils sont devenus chefs et guides et nous suiveurs. Ils t’ont nommé pour diriger leurs affaires, ne les conteste pas sinon ton statut diminuera et si c’est le cas ton futur dépendra de la conséquence de tes actes ».
La conquête de l’île de Chypre
En l’an 27 de l’Hégire (647), les Musulmans conquirent l’île de Chypre (qoubrous) sous le commandement de Mou’awiyah Ibn Abi Soufyan (qu’Allah soit satisfait d’eux) qui à la tête d’une grande armée traversa la mer. En sa compagnie se trouvait le grand Compagnon ‘Oubadah Ibn Samit (qu’Allah soit satisfait de lui) et son épouse la grande Sahabiyah Oumm al-Harram Bint Milhan (qu’Allah soit satisfait d’elle). Et ‘Oubadah est ‘Oubadah Ibn Samit Ibn Qays al-Ansari al-Khazraji. Il assista au Premier et au Second Pacte (‘aqaba oula wa thanya), à la bataille de Badr ainsi qu’à toutes les campagnes du Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) et mourut en l’an 34 (654).
Quant à Oumm Harram, elle est Oumm Harram Bint Milhan Ibn Khalid Ibn Zayd Ibn Harram al-Ansariyah al-Khazrajiyah, la tante du grand Compagnon Anas Ibn Malik (qu’Allah soit satisfait d’eux), le serviteur du Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui).
L’Imam al-Boukhari a rapporté dans son Sahih d’Anas Ibn Malik (qu’Allah soit satisfait de lui) qui a dit : Si le Messager d’Allah (Saluts et bénédictions d’Allah sur lui) allait à Qouba, il rendait visite à Oumm Harram Bint Milhan qui lui offrait de la nourriture et elle était l’épouse de ‘Oubadah Ibn Samit. Un jour, le Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) lui rendit visite et elle le nourrit. Puis le Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) s’endormit chez elle et il se leva en rigolant. Elle lui demanda : Qu’est ce qui t’a fait rire ô Messager d’Allah ? Il répondit : « Des conquérants de ma communauté m’ont été montré, montant des navires sur la mer comme des rois sur des chevaux ». Elle dit alors : « O Messager prit pour moi que je sois parmi eux ». Et le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) invoqua Allah Exalté soit-Il en sa faveur. Puis le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) se rendormit et se releva à nouveau en rigolant. Elle lui demanda à nouveau : « Qu’est ce qui t’a fait rire O Messager d’Allah ? » Il répondit : « Des conquérants dans la voie d’Allah de ma communauté m’ont été montré, montant des navires sur la mer comme des rois sur des chevaux ». Elle dit : « O Messager prit pour moi que je sois parmi eux ». Et le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) lui répondit : « Tu fais partie déjà des premiers » ».
Elle prit la mer sous le règne de Mou’awiyah, en compagnies des conquérants, et en débarquant, elle tomba de sa monture et mourut (puisse Allah le Très Haut lui faire miséricorde). Le premier rêve du Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) prédisait la capture de Chypre et le martyr de Oumm Harram quant au second, il prédisait la tentative de conquête d’al-Constantiniyah (Constantinople) en l’an 49 de l’Hégire (669) sous le règne de Mou’awiyah et sous le commandement de Yazid Ibn Mou’awiyah.
Dans le Hadith rapporté par al-Boukhari de ‘Oumayrah Ibn al-Aswad al-‘Ansi vint voir ‘Oubadah Ibn Samit alors qu’il se trouvait à Hims en compagnie d’Oumm Harram dans leur maison. Il lui dit : « Oumm Harram nous a rapporté qu’elle a entendu le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) dire : « La première armée de ma communauté qui razziera par la mer sont connus ». Elle demanda : « O Messager d’Allah suis-je parmi eux ? » Il répondit (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) : « Tu es parmi eux ». Puis le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) dit : « La première armée de ma communauté à conquérir la ville de Qayssar (César) seront pardonnés ». Je lui demandai : « Suis-je parmi eux, O Messager d’Allah ? » Il (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) répondit : « Non » ».
Définition et conditions de l’Imamat, du califat et du serment d’allégeance
Avec le désistement du calife al-Hassan Ibn ‘Ali (qu’Allah soit satisfait d’eux) en faveur de Mou’awiyah, a qui les gens portèrent allégeance, la sédition se calma et cette année fut appelée l’année de la réconciliation (du regroupement).
Avant de continuer avec l’histoire des Omeyyades nous allons marquer une parenthèse pour parler de l’Imamat ou du Califat et de l’allégeance chez les Gens de la Sounnah et de la Communauté (ahl sounnah wal jama’a).
Le grand Imam Shafi’i, ‘Ali Ibn Muhammad Ibn Habib, connu sous le nom d’al-Mawardi décédé en l’an 450 de l’Hijrah (1058) (puisse Allah le Très Haut lui faire miséricorde) a dit dans son livre « al-Ahkam as-Soultaniyah » à propos de l’Imamat : « L’institution de l’Imamat a pour raison d’être qu’il supplée le prophétisme (dont le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a été le dernier représentant) pour la sauvegarde de la religion et de l’administration des intérêts terrestres ».
Le Qadi Abou Ya’la Muhammad Ibn Houssayn al-Faraq al-Hanbali décédé en l’an 458 de l’Hégire (1065) a dit dans son livre, aussi connu sous le nom d’ « al-Ahkam as-Soultaniyah » : « L’Imamat peut être nommé de deux façons : soit par le choix des gens du pacte ou de l’état ou bien par celui qui l’a précédé.
En ce qui concerne la nomination du nouvel Imam par les gens de l’état ou du pacte, elle ne peut être exécutée que par la décision de la totalité de ces gens de vouloir nommer cet Imam. Quant à la possibilité du prédécesseur de laisser le choix de la nomination du calife, du sultan ou de l’émir à autre que lui est possible si les gens du pacte et de l’état sont d’accord avec cela et avec la présence du futur nominé lors de la prise du pacte ».
Quant à celui qui prendra ce poste, il ne peut le faire qu’avec des conditions (shourout) qu’il doit remplir, comme par exemple le fait qu’il doit être libre, adulte, sain d’esprit, juste, savant, brave, fort, déterminé, intelligent, non aveugle, non sourd (bien que tous les savants ne sont pas d’accord sur ce point particulier) et qu’il doit être de Qouraysh comme il est mentionné dans le Hadith rapporté par al-Boukhari de ‘AbdAllah Ibn ‘Omar (qu’Allah soit satisfait d’eux) du Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) : « Cette affaire doit rester chez les Qouraysh tant que durerons les Qouraysh ».
Et ce à propos de l’Imamat ou du califat.
Mais qu’en est-il à propos de l’allégeance à l’Imam ou au calife ?
L’allégeance (al-bay’ah) dans la langue vient de la racine du mot Bay’ et al-Moubaya’atou est al-Mou’ahadah (le renouvellement du pacte ou du traité) et de là, est venu le terme utilisé en droit al-Bay’atou qui veut dire le renouvellement du pacte d’une personne envers celui qui détient l’affaire (gouverneur, dirigeant, émir, calife etc.) de l’écouter et de lui obéir, de lui soumettre son point de vue en ce qui le concerne, les affaires des Musulmans et ne rien lui contester sur ces points. De lui obéir dans toutes les circonstances (même quand cela lui déplait) dans les affaires dont il a été chargé par lui.
Ce sont des choses essentielles à savoir en ce qui concerne l’allégeance. L’allégeance n’est pas un simple mot sans conséquence mais une action qui requiert d’autres actions. Et il est obligatoire au Musulman de porter allégeance à l’Imam (ou le calife, ou l’émir etc.) comme il lui est obligatoire de l’écouter et d’obéir à son Imam.
Dans le Hadith rapporté par l’Imam Mouslim d’Abou Hourayrah (qu’Allah soit satisfait de lui), le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « Tu dois écouter et obéir dans l’aisance comme dans la difficulté, dans ton intérêt ou la contrainte et malgré ce que cela te cause ».
Et dans le Hadith rapporté par l’Imam Boukhari de ‘AbdAllah Ibn ‘Abbas (qu’Allah soit satisfait d’eux) du Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) qui a dit : « Quiconque voit quelque chose de son Amir qu’il déteste, qu’il patiente ! Nul ne quitte sa communauté d’un pas et qui meurt sans qu’il ne meurt d’une mort préislamique ».
Ce sont des conditions claires que l’on doit impérativement obéir et appliquer. Celui qui prête le serment d’allégeance doit obéir à l’Imam, sa désobéissance devient illicite sauf si l’Imam ordonne une désobéissance, de même qu’il est illégal d’annuler son allégeance sauf si l’ordre vient de l’Imam.
L’Imam Mouslim a rapporté dans son Sahih, d’Abou Hourayrah (qu’Allah soit satisfait de lui) du Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) qui a dit : « Quiconque sort de l’obéissance et quitte le groupe et meurt, meurt d’une mort préislamique. Et quiconque combat sous l’étendard patriotique, se fâche pour son clan, appelle pour son clan ou qu’il aide un clan et meurt, meurt d’une mort préislamique. Quiconque quitte sa communauté et qu’il frappe ses innocents, ou ses libertins, ou qu’il ne respecte pas ses croyants et qu’il ne tient pas ses engagements, ne fait pas partie de moi et je n’ai rien à voir avec lui ».
De même l’Imam Mouslim a rapporté de ‘AbdAllah Ibn ‘Omar (qu’Allah soit satisfait d’eux) que le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « Quiconque se désengage du pacte (allégeance) n’aura aucun prétexte le jour du Qiyamah et quiconque meurt sans qu’il n’ait porté allégeance, meurt d’une mort préislamique ».
L’Imam Boukhari a rapporté d’Ibn ‘Omar (qu’Allah soit satisfait d’eux) que le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « Tout traitre (perfide - trompeur) se verra attribuer sa trahison le Jour du Qiyamah ».
L’écoute et l’obéissance à l’Imam ne doit pas être dans la désobéissance. Mouslim a rapporté d’Ibn ‘Omar (qu’Allah soit satisfait d’eux) que le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « Le Musulman doit écouter et obéir dans ce qu’il aime et ce qu’il déteste sauf s’il lui est ordonné une désobéissance. Et s’il lui est ordonné une désobéissance, il ne doit ni écouter ni obéir ».
Il est interdit à quiconque de disputer le pouvoir à un Imam nouvellement élu même des gens du pacte ou de l’état et les Musulmans doivent combattre tous ceux qui cherchent à lui disputer le pouvoir lorsqu’il a été élu. Le pacte d’allégeance qui peut légèrement changer en certaines circonstance reste néanmoins et de manière générale le même. Il consiste à dire : « Je porte allégeance sur le Livre d’Allah, la Sounnah de Son Messager (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui), sur le combat dans la voie d’Allah Exalté (al-jihad fis-sabilillah ta’ala), sur l’écoute et l’obéissance dans la facilité et la contrainte, dans l’aisance et la difficulté, de tout ce dont je suis capable et de ne pas disputer aux gens leurs affaires ».
Une allégeance parfaitement claire en regard de tous les évènements qui ont précédé et qui vont suivre et tout ce dont nous avons mentionné jusqu’à présent, n’est que l’introduction à l’histoire des Omeyyades.
Ziyad Ibn Soumayah et Bousr Ibn Abi Artat
Nous allons maintenant faire mention de deux hommes qui jouèrent un grand rôle dans les événements de cette époque. Il s’agit de Ziyad Ibn Soumayah ou Ziyad Ibn Abi qui fut connu par la suite sous le nom de Ziyad Ibn Abi Soufyan. Il est né à Taif l’année de l’Hégire, ou selon certains autres une année avant l’Hégire, et devint Musulman sous le règne d’Abou Bakr as-Siddiq (qu’Allah soit satisfait de lui). Il y a des désaccords en ce qui concerne le nom de son père. Les historiens ont rapporté qu’il est Ziyad Ibn ‘Oubayd ath-Thaqafi et que son père était ‘Oubaydoun ‘Abdana (un esclave). Et ils l’appelèrent aussi Ziyad Ibn Soumayah. Sa mère est Soumayah Jariyatou al-Harith Ibn Qaladah ath-Thaqafi le docteur connu.
Ziyad racheta son père ‘Oubaydah et le libéra. Ziyad fut présenté à ‘Omar Ibn al-Khattab (qu’Allah soit satisfait de lui) qui lui annonça une future conquête. ‘Omar lui demanda de s’adresser aux gens et son discours fut dur.
Ziyad était un homme ferme, un prêcheur et un scribe. Il écrivit à Abou Moussa al-Ash’ari, à Moughirah Ibn Shou’bah et à ‘AbdAllah Ibn ‘Abbas (qu’Allah soit satisfait d’eux). Il était le frère d’Abi Bakra par la mère et il était un des partisans de ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui). ‘Ali l’envoya combattre des Kurdes qui s’était rebellé en Perse et Ziyad les écrasa et prit possession d’une forteresse qui prit son nom.
Lorsque les arrangements furent scellés entre al-Hassan et Mou’awiyah (qu’Allah soit satisfait d’eux), Mou’awiyah lui envoya son commandant Bousr Ibn Abi Artat des Bani Ma’is Ibn ‘Amir Ibn Louhay al-Qourayshiyine, nous se sommes pas sur s’il était un Compagnon ou non car nous n’avons pas cherché pour le confirmer.
L’Imam Ahmad et Yahya Ibn Ma’in ont dit qu’il n’a rien entendu du Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui). Mou’awiyah (qu’Allah soit satisfait de lui) envoya Bousr Ibn Abi Artat à la tête d’une armée à Basra en lui demandant de capturer les Bani Ziyad afin de mettre aussi la main sur une somme importante d’argent du trésor public des Musulmans qu’il conservait alors qu’il était en service.
Bousr qui était un tyran captura ‘AbderRahmane Ibn Abi Bakra, ‘Oubaydillah et ‘Abad Ibn Ziyad et voulut les tuer mais Abou Bakra demanda un délai de deux semaines à Bousr pour lui laisser le temps de parvenir à Mou’awiyah à Damas. Bousr accepta mais promit que s’il ne se rendait pas, il tuerait les autres membres de sa famille. Abou Bakra se rendit en Syrie sans jamais s’accorder de repos et tua deux montures tant il voyagea rapidement. Il demanda à Mou’awiyah d’accorder à son frère Ziyad la sécurité et d’écrire un message à Bousr pour qu’il libère les membres de sa famille ce que fit Mou’awiyah. Mou’awiyah dit à Abou Bakra j’accorde la sécurité à ton frère à la condition qu’il me donne ce qu’il a comme argent chez lui. Et Abou Bakra fut de retour le septième jour à Basra avec la grâce d’Allah Exalté soit-Il, il put libérer sa famille prisonnière.
En l’an 41 de l’Hégire (661), Mou’awiyah (qu’Allah soit satisfait de lui) écrivit à Ziyad de tenir ses engagements puisque Abou Bakra avait demandé à son frère de rentrer sous les ordres du calife. Lorsque Ziyad rentra sous les ordres, Mou’awiyah lui demanda ce qu’il avait fait de l’argent qu’il avait ramassé alors qu’il était en campagne en Perse. Ziyad, lui répondit qu’il en avait envoyé une partie à ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui), qu’il avait utilisé une autre partie dans les besoins relatif à son poste et que le reste se trouvait protégé auprès de certains de ses aides et qu’il allait lui remettre la somme restante. Mou’awiyah (qu’Allah soit satisfait de lui) le crut ou bien il se contenta de ne pas le juger pour cela pour tirer parti de la force de Ziyad. Puis il l’envoya à Koufa sous la vigilance de Moughirah Ibn Shou’bah.
En l’an 42 de l’Hégire (662), les Musulmans firent une incursion dans le pays de Lan proche de l’Arménie actuelle[1]. Ils razzièrent aussi les Byzantins et leur infligèrent une terrible défaite ou plusieurs de leurs chefs furent tués. Ainsi nous pouvons remarquer que lorsque les Musulmans sont divisés, ils se combattent entre eux et laissent de côté le combat dans la voie d’Allah à Lui les Louanges et la Gloire et lorsqu’ils étaient de nouveau unifiés, ils reprenaient leurs conquêtes. Et en une seule année, leur empire s’accrut.
Cette même année naquit al-Hajjaj Ibn Youssouf ath-Thaqafi qui allait jouer aussi un rôle important dans l’Histoire des Omeyyades.
Le retour des khawarije
Le Calife ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui), avant la bataille de Nahrawan, avait donné l’étendard et le commandement de l’aile droite au respectable Compagnon Abi Ayyoub al-Ansari (qu’Allah soit satisfait de lui) qui avait dit aux khawarije : « Quiconque d’entre vous qui n’a ni tué et ni violenté et qui se range sous cette bannière se verra pardonné. Quiconque d’entre vous quitte les rangs et va à Koufa ou Mada'in sera en sécurité ». Nous avons mentionné qu’un groupe d’entre eux avait répondu à son offre et était effectivement sorti des rangs des khawarije tandis que les autres furent écrasés lors de la bataille qui s’ensuivit. La plupart furent tués et à peu près quatre-cent d’entre eux furent blessés à qui l’émir des Musulmans ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui) pardonna.
Quant à ceux qui avaient répondu à l’offre de paix, ils se réunirent de nouveaux avec ceux qui avaient été blessés à Nahrawan et ceux qui avaient été pardonnés par ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui) du fait de leur blessures. Et, submergés par la maladie de leur âme, ils se rebellèrent de nouveau contre le calife alors que les Musulmans s’étaient de nouveaux unifiés et que le califat était passé à Mou’awiyah Ibn Abi Soufyan (qu’Allah soit satisfait d’eux). Ils commencèrent par se regrouper puis établirent des réunions secrètes ou ils choisirent l’un d’entre eux, al-Moustawrid Ibn ‘Oullafah Ibn al-Farish at-Taymi de Koufa pour chef et à qui ils attribuèrent le titre d’émir al-Mou'minin, émir des croyants. Ils décidèrent de se proclamer ouvertement au mois de Sha’ban de l’an 43 de l’Hégire (663).
L’émir de Koufa à cette époque était al-Moughirah Ibn ash-Shou’bah ath-Thaqafi (qu’Allah soit satisfait de lui) qui, lorsqu’il fut informé de leur activité, s’adressa aux gens et les mit en garde contre ceux qui cherchaient encore une fois à causer non seulement des troubles mais des divisions parmi la communauté des Musulmans. Et Il promit de leur donner une dure leçon de manière à ce qu’elle soit un rappel pour les successeurs et pour que personne n’ait le prétexte d’ignorance.
Les khawarije comme prévu sortirent au nombre de trois-cent sous le commandement d’al-Moustawrid à Mazar qui est la ville de Mayssan au bord du fleuve du Tigre en Iraq (dajla). Al-Moughirah (qu’Allah soit satisfait de lui) appela les gens à les combattre et il réunit une armée de trois-mille hommes à qui il donna le commandement à Ma’qil Ibn Qays ar-Riyahi at-Tamimi à qui le grand Compagnon dit : « O Ma’qil j’ai envoyé avec toi des cavaliers des gens d’Egypte. Marche vers ces gens qui ont quitté notre groupe et qui ont attesté de leur mécréance. Apelle les tout d’abord à se repentir et à réintégrer notre groupe. S’ils le font, acceptent-les et retiens toi. Et s’ils refusent alors attaquent les et demande le secours à Allah le Très Haut contre eux ».
Le temps que Ma’qil arrive à destination, les khawarije atteignirent al-Mada'in dont l’émir était Simaq Ibn ‘Oubayd al-‘Absi. Al-Moustawrid lui fit parvenir un message, et afin que vous connaissiez qui étaient les khawarije, voici ce qui était écrit : « De ‘AbdAllah al-Moustawrid, émir des croyants à Simaq Ibn ‘Oubayd en ce qui suit : Je t’invite au Livre d’Allah Exalté soit-Il et à la Sounnah de Son Messager, Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui, et à celle de leurs successeurs Abou Bakr et ‘Omar qu’Allah soit satisfait d’eux. Au désaveu de ‘Uthman et de ‘Ali (qu’Allah soit satisfait d’eux) pour leur écart dans la religion et leur abandon du jugement par le Livre d’Allah. Si tu acceptes, tu feras preuve de raison et si tu refuses sache que nous sommes parvenu près de toi et nous t’annonçons la guerre. Et Allah n’aime pas les traitres. » Et on sait combien les khawarije combattaient farouchement.
Et pendant ce temps, on annonça l’arrivée imminente d’une armée de trois-mille hommes de Basra envoyé par l’émir de Basra ‘AbdAllah Ibn ‘Amir Ibn Qourayz al-‘Abshami al-Qourayshi qu’Allah soit satisfait de lui, commandée par Shariq Ibn al-A’war Ibn al-Harith Ibn ‘Abdel Yaghouth des Bani Harith Ibn Ka’b al-Madhajiyin. Cette armée ne put pas prendre part à la bataille du fait que les khawarije se retirèrent de Mazar sans que personne ne les voient et ne les poursuivent car Shariq pensa que l’armée de Koufa était suffisante pour leur faire face.
Ma’qil Ibn Qays ar-Riyahi se lança à la poursuite des khawarije avant de les rattraper et de pratiquement tous les tuer. Seul ‘AbdAllah Ibn ‘Ouqbah al-Ghanawi qui était petit s’échappa sur un cheval et se rendit à Koufa ou il demanda la sécurité à Moughirah Ibn Shou’bah (qu’Allah soit satisfait de lui) qu’il lui accorda. Mais il allait se rebeller encore une fois lors de la sédition d’AbderRahmane Ibn Muhammad Ibn al-Ash’ath Ibn Qays al-Kindi.
Lors de cette révolte eut lieu plusieurs affrontements et ‘AbdAllah Ibn ‘Ouqbah al-Ghanawi fut tué à Dayr Jamajim.
Al-Moustawrid Ibn ‘Oullafah sortit avec sa lance à la rencontre de Ma’qil Ibn Qays ar-Riyahi et des gens qui était en la compagnie de Ma’qil lui demandèrent de ne pas sortir contre le khariji et qu’ils allaient régler l’affaire avec Ma’qil. Mais Ma’qil refusa, saisit son sabre et se présenta face à son ennemi.
Al-Moustawrid lui transperça la poitrine avec sa lance et en tombant Ma’qil réussit à lui porter un coup sur le sommet de la tête et tous les deux s’effondrèrent morts.
Durant cette année, Bousr Ibn Abi Artat partit en campagne contre les Byzantins. Al-Waqidi a rapporté qu’il passa l’hiver dans leur territoire jusqu’à ce qu’il atteignit Constantinople.
La mort de ‘Amr Ibn al-‘As et Muhammad Ibn Maslamah
Le jour de Fitr de l’année 43 de l’Hégire (663), mourut en Egypte, le respectable Compagnon ‘Amr Ibn al-‘As Ibn Wahil Ibn Sahmi al-Qourayshi (qu’Allah le Très Haut soit satisfait de lui). Lui succéda son fils, le respectable compagnon ‘Abdallah Ibn ‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui), au poste de gouverneur d’Egypte.
Mourut cette même année, à Médine l’Illuminée, le respectable compagnon Muhammad Ibn Maslamah al-Ansari (qu’Allah le Très Haut soit satisfait de lui).
L’Imam Ahmad a rapporté dans son Mousnad, du respectable compagnon ‘Ouqbah Ibn ‘Amir al-Jouhani (qu’Allah soit satisfait de lui) que le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « Les gens se sont soumis et ‘Amr Ibn ‘As a cru ».
Il est rapporté dans les Sounan de Tirmidi que Talhah Ibn ‘Oubaydillah a rapporté, que le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « ’Amr Ibn al-‘As fait partie des Qouraysh pieux ».
Il est aussi connut que ‘Amr Ibn al-‘As fait partie des grands Arabes, de l’Islam et un de ses hommes astucieux, un héros des conquêtes islamiques, un fameux général (qu’Allah soit satisfait de lui).
Quant à Muhammad Ibn Maslamah Ibn Khalid Ibn ‘Adiyyi al-Awsi al-Ansari (qu’Allah le Très Haut soit satisfait de lui), le respectable Compagnon, il participa à Badr et à toutes les batailles en compagnie du Prophète (saluts et Bénédictions d’Allah sur lui), excepté la bataille de Tabouk car le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) l’a laissé responsable de Médine durant son absence. Muhammad Ibn Maslamah fait partie de ceux qui se sont tenu à l’écart de la Grande Fitnah[2] ou il se fabriqua une épée en bois et dit : « Ainsi me l’a ordonné le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) ».
En l’an 43 de l’Hégire (663), Bousr Ibn Abi Artat partit en campagne contre les Byzantins. Al-Waqidi a rapporté qu’il passa aussi l’hiver dans leur territoire jusqu’à ce qu’il atteignit Constantinople.
La filiation de Ziyad Ibn Soumayah à Abi Soufyan
En l’an 44 de l’Hégire (664), les Musulmans commandés par ‘AbderRahmane Ibn Khalid attaquèrent le territoire byzantin par terre durant leur campagne hivernale tandis que Bousr Ibn Abi Artat les attaqua par mer.
Cette même année, Mou’awiyah Ibn Abi Soufyan (qu’Allah soit satisfait d’eux) attribua à Ziyad Ibn Soumayah la paternité d’Abi Soufyan, car un homme témoigna qu’Abou Soufyan, à l’époque de l’ignorance, approcha Soumayah Oumm Ziyad qui conçut Ziyad.
Le témoignage d’un Musulman saint d’esprit ne peut être rejeté. Soumayah était apparentée à Harith Ibn Kaladah ath-Thaqafi, le docteur des arabes. Beaucoup de gens furent contre et parmi eux le respectable Compagnon ‘Abdallah Ibn ‘Amir Ibn Qourayz Ibn Rabi’ah Ibn Habib Ibn ‘Abd ash-Shams (qu’Allah soit satisfait de lui), qui était émir de Basra pour le compte de Mou’awiyah, parce qu’il lui était parvenu que Ziyad disait de lui qu’il était faible dans son poste. Alors ‘Abdallah Ibn ‘Amir fit dire : « J’ai voulu venir avec des gens de Qouraysh qui jureront qu’Abou Soufyan n’a jamais vu Soumayah ».
Lorsque Mou’awiyah entendit cela, il se mit en grande colère et lorsqu’un jour Ibn Amir, le fils de son oncle, entra chez lui, Mou’awiyah lui dit des propos très graves : « Par Allah ! Les Arabes ont appris que mon père la visitais dans l’ignorance et l’Islam ne nous a rajouté que grandeur ! Je ne me suis pas contenté de Ziyad à cause du petit nombre (de mon clan) et je n’en tire pas orgueil non plus. J’ai juste reconnu un droit qui lui était dû et je l’ai mis à son rang ».
Les Banou Hashim et les Banou Oumayyah étaient les Qouraysh plus nobles à l’époque de l’ignorance. Lorsqu’Allah le Très haut a choisi le meilleur des humains de Sa création Muhammad Ibn ‘Abdillah Ibn ‘Abdel Moutalib Ibn Hashim Ibn ‘Abdel Manaf, le Prophète illettré et qu’Il lui a révélé l’Islam, les Banou Hashim, grâce à la bénédiction du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui), se retrouvèrent élevés à un degré que nul ne pourra jamais atteindre.
Honorabilité et prestige à l’époque de l’ignorance se transforma en élévation pour les Banou Hashim grâce à la révélation.
Le lien entre les Bani Hashim et les Bani Oumayyah
Quel est le lien entre les Bani Hashim et les Bani Oumayyah ?
Nous avons vu dans la généalogie des Arabes que Hashim Ibn ‘Abdel Manaf, le grand père des Bani Hashim, est le frère jumeau (du père et de la mère) de ‘Abd ash-Shams Ibn ‘Abdel Manaf. Leur mère était ‘Atikah Ibn ‘Ourwah Ibn Hilal as-Soulamiyah.
Les Banou Hashim et les Banou Oumayyah ‘Abd ash-Shams sont les gens les plus proches les uns des autres.
Celui-ci, est le maitre des humains (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) : Muhammad Ibn ‘Abdillah Ibn ‘Abdel Moutalib Ibn Hashim Ibn ‘Abdel Manaf. ‘Abdel Manaf est le grand père de son grand père. Et Abou Soufyan Ibn Harb Ibn Oumayyah Ibn ‘Abd ash-Shams Ibn ‘Abdel Manaf. Le grand père de son grand père est le même que celui du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) : ‘Abdel Manaf.
‘Abdel Moutalib est le grand père du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) et le fils de l’oncle d’Oumayyah, le grand père d’Abou Soufyan.
Et lorsque quelqu’un questionna un jour l’Imam Sha’bi[3] à propos des Banou Hashim et des Banou Oumayyah, il répondit : « Si tu veux, je te répondrais comme l’a dit l’Imam ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui) : « Les Banou Hashim, respect et bravoure et les Banou Oumayyah, résolution et finesse ».
Lorsque l’on questionna Mou’awiyah (qu’Allah soit satisfait de lui) sur le même sujet, il dit : « Aucune différence entre les deux jusqu’au jour, ou ils sont venu avec quelque chose qui les a fait dépasser les premiers et les derniers (sous-entendu la révélation au Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) ».
Un autre jour, on lui posa la question : « Qui d’entre vous, vous et les Banou Hashim, sont les plus nobles ? Il répondit : « Nous étions les plus noble par la quantité et eux étaient plus nobles par l’un d’entre eux dont nous les ‘Abdel Manaf n’avions nul pareil que les Bani Hashim. Nous sommes les plus nobles mais qui nous viendra avec l’équivalent des Banou Hashim. Lorsqu’il mourut nous étions les nombreux et les plus nobles et Il y avait quelqu’un chez les ‘Abdel Moutalib dont nous n’avions nulle équivalence.
Lorsqu’il mourut, nous étions les plus nombreux et les plus nobles et il n’y avait chez eux aucun équivalent de l’un d’entre nous. Jusqu’à ce qu’ils aient dit : « Nous avons un Prophète parmi nous ». Et est arrivé un Prophète, dont ni les premiers ni les derniers n’ont connu de semblables, Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui). Qui osera nier ses bienfaits ? Et c’est cela la noblesse ».
Les paroles de Mou’awiyah (qu’Allah soit satisfait de lui) au fils de son oncle, ‘Abdillah Ibn ‘Amir Ibn Qourayz (qu’Allah soit satisfait de lui), sont véridiques.
Est-ce que Mou’awiyah, qui était le calife des Musulmans et une des personnalités de Qouraysh, avait-il besoin de faire connaitre ouvertement la paternité de Ziyad Ibn Soumayah ? Non, bien sûr que non !
Mais lorsque ce Musulman est venu le voir et a attesté, il ne pouvait pas rejeter son témoignage. C’était un devoir juridique pour lui.
‘AbderRahmane Ibn Khalid Ibn Walid
En l’an 45 de l’Hégire (665), ‘AbderRahmane Ibn Khalid Ibn al-Walid poursuivit son attaque hivernale contre le territoire byzantin.
Cette même année, Mou’awiyah (qu’Allah soit satisfait de lui) retira ‘Abdillah Ibn ‘Amir Ibn Qourayz du poste de gouverneur de Basra à cause de son incompétence, et le remplaça par al-Harith Ibn ‘Abdillah al-Azdi pour une durée de quatre mois avant de le remplacer par Ziyad Ibn Abi Soufyan.
Ziyad Ibn Abi Soufyan devient gouverneur de Basra, du Khourassan, du Sijistan, puis ensuite du Hind, du Bahrayn et de ‘Oman. Ziyad Ibn Abi Soufyan était un gouverneur ferme, vigoureux, puissant, communicatif et craint qui prit fermement sa gouvernance.
En l’an 46 de l’Hégire (666), Malik Ibn ‘Oubaydillah razzia le territoire byzantin. D’autres ont rapportés que cette attaque fut menée par ‘AbderRahmane Ibn Khalid Ibn al-Walid ou par Malik Ibn Houbayrah as-Sakouni.
‘AbderRahmane Ibn Khalid Ibn Walid attaqua le pays des Romains qui avait alors pour empereur Constantin II avant de retourner à Hims en l’an 46 ou son docteur chrétien lui donna une boisson empoisonnée qu’il but et il mourut.
Un jour ‘AbderRahmane Ibn Khalid Ibn Walid partit à Médine l’Illuminée et s’assit en compagnie de ‘Ourwah Ibn Zoubayr Ibn ‘Awwam qui avait les cheveux longs et le salua :
- « Qui es-tu », lui demanda ‘Ourwah ?
- « Je suis Khalid Ibn ‘AbderRahmane (sous-entendu le fils de Khalid Ibn Walid) ! »
- « Qu’a fait Ibn ‘Outhan[4] », le questionna de nouveau ‘Ourwah ?
‘AbderRahmane se leva aussitôt et retourna sur le champ à Hims ou il chercha Ibn ‘Outhan. Lorsqu’il le vit enfin, il le frappa de son sabre et le tua. Il fut saisit et amené à Mou’awiyah (qu’Allah soit satisfait de lui) qui ordonna son emprisonnement quelques jours.
Puis ‘AbderRahmane retourna à Médine voir ‘Ourwah et le salua. ‘Ourwah lui demanda :
- « Qu’a fait Ibn ‘Outhan ? »
‘AbderRahmane lui répondit :
- « Je t’ai débarrassé d’Ibn ‘Outhan ! Mais qu’a fait Ibn Jourmouz ? »
‘Ourwah se tut et resta silencieux sachant qu’Ibn Jourmouz est celui qui tua le respectable Compagnon Zoubayr Ibn ‘Awwam (qu’Allah soit satisfait de lui) par traitrise. ‘AbderRahmane voulait dire : « Tu me demande ce qu’a fait Ibn ‘Outhan alors nous avons fait notre devoir le concernant. Mais qu’en est-il de toi concernant l’assassin de Zoubayr, ton père ?
En l’an 47 de l’Hégire (667), le respectable Compagnon Malik Ibn Houbayrah Ibn Khalid Ibn Mouslim as-Sakouni al-Kindi attaqua le territoire byzantin tandis qu’Abou ‘AbderRahmane al-Qayni attaqua Antioche (antakiyah).
Certains historiens ont rapporté que durant cette même année, Ziyad nomma al-Hakam Ibn ‘Amr al-Ghifari gouverneur du Khorasan. Il razzia la montagne d’al-Ghour et Farawandah. Il vaincu les gens par le sabre et conquis de force leurs territoires en prenant un immense butin et beaucoup de captifs. Puis après ses raids, al-Hakam Ibn ‘Amr revint à Merv (marw) ou il mourut peu après.
Et Il est connu que lorsque les affaires entrèrent en ordre pour Mou’awiyah, lors de l’année de la réunification, le combat dans la voie d’Allah le Très Haut aux frontières des Musulmans ne s’arrêta pas et particulièrement contre le pays des Romains byzantins.
En l’an 48 de l’Hégire (668), ‘AbderRahmane al-Qayni attaqua at-Takiyah, ‘AbdAllah Ibn Qays al-Fazari attaqua les Byzantins par terre tandis que Malik Ibn Houbayrah as-Sakouni les attaqua par mer.
Cette même année, Khalid Ibn ‘AbderRahmane Ibn Khalid Ibn al-Walid mena une deuxième expédition navale contre les Byzantins avec des Égyptiens sous le commandement de ‘Ouqbah Ibn ‘Amir al-Jouhani et avec des Médinois sous le commandement d’al-Moundir Ibn al-Zouhayr.
Certains ont rapporté que Ziyad nomma pour le Khorasan Ghalib Ibn Fadalah al-Leythi le Compagnon du Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui).
Le premier siège de Constantinople et le martyr d’Abou Ayyoub al-Ansari
En l’an 49 de l’Hégire (669), les Musulmans, sous le commandement de Yazid Ibn Mou’awiyah, attaquèrent Constantinople. Dans cette armée se trouvait ‘AbdAllah Ibn ‘Omar Ibn al-Khattab, ‘AbdAllah Ibn ‘Amr Ibn al-‘As, ‘AbdAllah Ibn ‘Abbas, Abou Ayyoub al-Ansari, ‘AbdAllah Ibn Zoubayr et d’autres compagnons (qu’Allah soit satisfait d’eux).
Le commandant des Romains était l’empereur byzantin Constantin III qui prit la succession à Constantin II après sa mort.
Abou Ayyoub al-Ansari (qu’Allah soit satisfait de lui) trouva le martyr lors de la bataille et fut enterré, selon son souhait, au plus près de l’enceinte de la ville forteresse. Les Musulmans protégés par des boucliers et sous une intense pluie de flèches réussirent à se rapprocher des murs ou ils creusèrent et le déposèrent dans une tombe, avant de revenir saufs dans le camp des Musulmans. Il est le grand Compagnon Khalid Ibn Zayd Ibn Qouray al-Khazraji al-Ansari Abou Ayyoub al-Ansari qui témoigna le pacte de ‘Aqabah, la bataille de Badr et tous les évènements avec le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) et lorsque l’Envoyé d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) fit l’émigration de la Mecque à Médine, il descendit chez lui.
Durant cette année, Malik Ibn Houbayrah as-Sakouni razzia le territoire byzantin et Fadalah Ibn ‘Oubayd attaqua Jarabah qu’il assiégea, conquit et pris beaucoup de captifs.
Cette même année, ‘AbdAllah Ibn Kourz al-Bajali attaqua les Byzantins par terre tandis que Yazid Ibn Shajarah ar-Rahawi les attaqua par mer avant de revenir en Syrie.
‘Ouqbah Ibn Nafi’ mena aussi une expédition navale contre les Byzantins avant de retourner passer l’hiver avec les Égyptiens.
La mort de Moughirah Ibn Shou’bah et la nomination de Samourah Ibn Joundoub pour Basra
Cette même année, en l’an 49 de l’Hégire (669), décéda le respectable Compagnon et le général héros al-Moughirah Ibn Shou’bah Ibn Abi ‘Amir Ibn Mas’oud ath-Thaqafi, qu’Allah soit satisfait de lui. Il est mort poignardé et fut enterré à Koufa. D’autres ont rapporté que sa mort fut en l’an 50 (669) et d’autres en l’an 51 de l’Hégire (670).
Il est connu que Moughirah Ibn Shou’bah devint musulman l’année de la bataille de la Tranchée. Il était présent à Houdaybiyah et au pacte de Ridwan. Il combattit lors des batailles des Apostats, à Yamamah. Il participa à la conquête de la Syrie, à Yarmouk et à la conquête de la Perse et de l’Iraq à Qadissiyah. Il resta à l’écart de la Fitnah et lors de l’appel au Jugement par le Livre d’Allah sous ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui), il rejoignit les rangs de Mou’awiyah, qu’Allah soit satisfait d’eux.
Lorsque Moughirah Ibn Shou’bah mourut, Mou’awiyah rajouta à Ziyad Ibn Abi Soufyan la gouvernance de Basra et de Koufa. Ziyad Ibn Abi Soufyan nomma Samourah Ibn Joundoub al-Khazari (qu’Allah soit satisfait de lui) gouverneur de Basra.
Samourah Ibn Joundoub combattit en compagnie du Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) et il était implacable envers les khawarije. S’il était informé de la présence de l’un d’entre eux, il se chargeait de le tuer lui-même tellement il les détestait et disait : « Les pires créatures vivant sous le ciel, ils jettent la mécréance sur les Musulmans et rendent licite leur sang ». Samourah mourut en l’an 59 de l’Hégire (678), puisse Allah lui faire miséricorde.
Quand Samourah prit son poste en charge, il alla directement à la mosquée de Koufa, monta sur la chair de prêche et fit un discours. Lorsqu’il eut finit certaines personnes se levèrent et le haranguèrent. Il s’assit le temps de les laisser finir tout en ordonnant à sa garde de se mettre aux portes de la mosquée. Puis il demanda aux gens de Koufa présent de sortir de la mosquée quatre par quatre. Il leur dit : « Quiconque d’entre vous jurera par Allah qu’il n’a pas cherché à me juger sera libre. Quiconque ne jurera pas sera emprisonné et expulsé ».
Certains ont rapporté que le nombre de personnes n’ayant pas juré s’éleva à trois tandis que d’autres ont rapporté le nombre de huit. Il ordonna que leurs mains soient tranchées. Le crime de ces gens est d’avoir manqué de respect et de considérer celui en charge de leurs affaires comme moins que rien.
A ceux qui se poseront la question, pourquoi une telle violence, il faut se rappeler les graves évènements qui secouèrent la nation islamique de l’époque ou plus de soixante-dix-mille Musulmans trouvèrent la mort suite à la grande Fitnah qui débuta avec l’assassinat du troisième Calife Bien Guidé ‘Uthman Ibn ‘Affan (qu’Allah soit satisfait de lui). Samourah voulut empêcher dès son arrivée la résurgence de tels troubles en appliquant à ceux qui seraient tentés et aux fauteurs de troubles un dur châtiment afin qu’ils soient une leçon pour tous.
Si le gouverneur perdait le contrôle des évènements, ils pourraient s’ensuivre à nouveau d’inquiétants évènements. Samourah voulut immédiatement couper court à cette éventualité connaissant sa haine des khawarije.
Ceci doit servir d’exemple pour faite face à de tels évènements dans le futur. L’histoire des Omeyyades est pleine de révoltes, de guerres, de divisions, de rebellions et de luttes fratricides.
Il fallait mettre fin aux troubles, dont les effets furent extrêmement néfastes pour les Musulmans, d’une manière impitoyable et appliquer aux subversifs un très dur châtiment. Il n’y a aucun intérêt à laisser faire les gens d’innovations, de convoitises et les révolutionnaires. Ils ne doivent pas être abandonnés mais traités obligatoirement comme il se doit et rapidement pour éviter les effets funestes qu’entrainent leurs actions, ceci bien évidemment dans l’état islamique ou la Loi d’Allah est appliquée dans son intégralité. Mais vous êtes-vous jamais demandé si vous étiez prêts pour un état islamique ou bien les cœurs cacheraient quelques hypocrisies ?
En l’an 50 de l’Hégire (670), décéda le respectable Compagnon Abou Moussa al-Asha’i. Il est ‘Abdallah Ibn Qays Ibn Soulaym des Ash’ariyine qui sont des tribus Kahlan et Qahtaniyah. Abou Moussa al-Asha’i (qu’Allah soit satisfait de lui) a une grande histoire. Il est le conquérant d’Ispahan, d’al-Ahwaz et un des deux juges lors du conflit suite à l’assassinat de ‘Uthman Ibn ‘Affan (qu’Allah soit satisfait de lui). D’autres ont rapporté que sa mort eut lieu en l’an 53 de l’Hégire (673). Nous avons rapporté les deux versions sur lesquels les historiens sont en désaccord et qui ne sont que des désaccords minimes.
Durant cette année, Bousr Ibn Abi Artat et Soufyan Ibn Awf al-Azdi attaquèrent conjointement les territoires byzantins tandis que Fadalah Ibn ‘Oubayd al-Ansari les attaqua par mer.
La conquête de Tunis et la construction de la ville de Kairouan
Durant cette même année, Mou’awiyah Ibn Houdayj, le gouverneur d’Egypte et d’Ifriqiyah[1], fut désisté par Mou’awiyah Ibn Abi Soufyan et remplacé par ‘Ouqbah Ibn Nafi’ al-Fihri pour l’Ifriqiyah et Maslamah pour l’Egypte et ensuite pour Ifriqiyah. ‘Ouqbah conquit Tunis (ifriqiyah) et la ville de Kairouan (qayrawan). Muhammad Ibn ‘Omar a rapporté que l’emplacement de la ville était mauvais à cause du grand nombre de serpents, de fauves, et d’autres animaux du même genre. Quand Allah Exalté Tout Puissant et Grand les appela, aucun animal ne resta et les bêtes de proies emportèrent leurs petits. ‘Ouqbah Ibn Nafi a dit : « Lorsque nous nous sommes installé, les animaux s’enfuirent de leurs repaires en nous blâmant ».
Zayd Ibn Abi Habib, un homme de l’armée égyptienne dit : « Nous arrivâmes avec ‘Ouqbah Ibn Nafi’ qui fut la première personne à faire un plan de la ville. Il l’a divisa en quartiers, construisit des maisons pour les gens et la mosquée. Nous restâmes avec lui jusqu’à ce qu’il fut désisté. Il était le meilleur des gouverneurs et le meilleur commandant ».
Puis, Mou’awiyah désista Mou’awiyah Ibn Houdayj d’Egypte et ‘Ouqbah Ibn Nafi’ d’Ifriqiyah et nomma à leur place, Maslamah Ibn Moukhallad pour toute l’Afrique du Nord et l’Egypte à l’ouest. Il fut le premier gouverneur pour qui l’ouest entier, l’Egypte, Barqah, Tripoli (tarablous) et Tunis fut combiné. Maslamah Ibn Moukhallad nomma son domestique al-Mouhajir pour Tunis et démit ‘Ouqbah Ibn Nafi’ de ses fonctions. Maslamah resta gouverneur d’Egypte et de l’ouest jusqu’à la mort de Mou’awiyah Ibn Abi Soufyan.
Certains ont dit que cette même année, al-Hakam Ibn ‘Amr al-Ghifari décéda à Merv après son retour d’une razzia contre les gens de la montagne d’al-Ashall.
Le raid d’al-Hakam Ibn ‘Amr contre al-Ashall
Alors qu’al-Hakam Ibn ‘Amr se trouvait au Khorasan. Ziyad lui écrivit : « Les armes des gens de la montagne d’al-Ashall sont de feutre et leurs vaisselles d’or ». Ibn ‘Amr les attaqua, puis se retira et lorsque ses forces atteignirent le milieu du défilé, l’ennemi prit des pistes secrètes et l’encercla. Ne sachant que faire, il délégua le commandement de l’armée à al-Mouhallab qui résista et finit par capturer un de leurs chefs à qui il dit : « Choisis : sois je te tue ou alors tu nous sors de cette passe ». L’homme lui dit alors : « Allume un feu sur l’une de ces routes, ordonne que les bagages soient amenés, et tourne toi vers cette route afin que les gens pensent que tu as commencé à voyager le long de celle-ci. Alors, ils vont se rassembler sur cette route et vous abandonneront les autres. Alors laisse-les, prends une autre route et ils ne pourront vous attaquer avant que vous ayez quitté le défilé. Il fit ainsi et ils purent s’échapper avec un immense butin jusqu’à Hérat avant de retourner à Merv.
Ziyad écrivit à al-Hakam et lui dit : « Par Allah, si tu survie, je te décapiterais certainement ! » Parce que Ziyad lui écrivit précédemment lorsqu’il fut informé de l’immense quantité qu’il avait pris, lui disant : « L’émir des croyants m’a écrit pour lui demander de lui choisir de l’or, de l’argent et des objets précieux pour son usage personnel. Ne fait rien avant d’avoir procéder à sa demande. » Al-Hakam lui répondit au dos de sa lettre : « Ta lettre vient de me parvenir dans laquelle tu mentionnes que l’émir des croyants t’a ordonné ceci et cela. Mais sache que le Livre d’Allah Exalté, Tout-Puissant et Grand, est prioritaire au désir de l’émir des croyants. Par Allah, si « les cieux et la terre formaient une masse compacte[2] » un serviteur doit craindre Allah à Lui les Louanges et la Gloire. Allah Exalté et Loué soit-Il, lui fournira une sortie ». Il dit alors aux soldats d’aller prendre leur part du butin, après qu’il eut mis de côté le cinquième, il le divisa équitablement entre eux. Al-Hakam dit alors : « O Grand Seigneur, si Tu considères que ce que j’ai fait est juste alors prends-moi ». Et, il mourut peu après dans la capitale du Khorasan à Merv après avoir nommé Anas Ibn Abi Ounas son successeur.
Les Musulmans s’installent au Khorasan
En l’an 51 de l’Hégire (671), Fadalah Ibn ‘Oubayd attaqua en hiver le territoire byzantin et Bousr Ibn Abi Artat, en été.
Ziyad nomma ar-Rabi’ Ibn Ziyad al-Harithi gouverneur du Khorasan après la mort d’al-Hakam Ibn ‘Amr al-Ghifari. Al-Hakam nomma Anas Ibn Abi Ounas pour lui succéder dans sa juridiction après sa mort et Anas conduisit la prière sur al-Hakam à sa mort et avant de mourir, al-Hakam écrivit à Ziyad pour l’informer de la nomination d’Anas. Ziyad le désista et le remplaça par Khoulayd Ibn ‘AbdAllah al- Hanafi avant d’être remplacé à son tour, après n’être resté qu’un mois gouverneur, par Rabi’ Ibn Ziyad al-Harithi. Les gens partirent avec leurs familles au Khorasan ou ils s’établirent de manière permanente tandis que peu après Ziyad désista ar-Rabi’.
Quand ar-Rabi’ arriva au Khorasan, il conquit pacifiquement Balkh après que les gens de la ville l’ai fermée[3] suite au traité de paix conclut avec al-Ahnaf Ibn Qays. Il conquit le Qouhistan par la force et comme il y avait des Turcs dans ses régions, il les combattit. Il en tua certains avant que les autres ne s’enfuient. L’un des survivants étaient Nizak Tarkhan que Qoutaybah Ibn Mouslim tua quand il fut gouverneur. Certains ont rapporté que lors de sa campagne ar-Rabi’ traversa le fleuve Oxus avec son domestique, Farroukh et sa servante Sharifah. Il pilla et revint sans avoir été inquiété si bien qu’il libéra Farroukh.
Le premier Musulman qui but de l’eau du fleuve fut un domestique d’al-Hakam à l’aide de son bouclier. Il en donna à al-Hakam qui en but et fit ses ablutions avant d’exécuter deux unités de prières au-delà du fleuve et il fut la première personne à le faire.
La mort de Houjr Ibn ‘Adiyy Ibn Jaballah al-Kindi
Toujours en l’an 51 de l’Hégire (670) fut tué Houjr Ibn ‘Adiyy Ibn Jaballah al-Kindi. Houjr Ibn ‘Adiyy comme certains l’ont dit était un respectable Compagnon (qu’Allah soit satisfait de lui) mais la plupart des rapporteurs de Hadith, comme l’a signalé al-Hafiz Ibn Kathir, ne lui reconnaissent pas de mérite.
Houjr Ibn ‘Adiyy était un adorateur ascète, un général héros qui prit le parti de ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui). Il était à l’époque de Moughirah Ibn Shou’bah (qu’Allah soit satisfait de lui), émir de Koufa et un de ceux qui le critiquèrent. Moughirah qui était un homme lucide le mit plusieurs fois en garde contre les conséquences néfastes de tels propos alors que l’obéissance et le respect sont dus au Sultan.
Un jour Moughirah lui dit : « O Houjr, soit perdu, crains le Seigneur ! O Houjr, soit perdu, crains le sultan ! Crains sa colère, crains son rang car parfois la colère du sultan met fin à des individus tels que toi ! »
Moughirah le mettait en garde mais il l’excusait et lui pardonnait.
L’Imam Tabari a rapporté dans son livre d’Histoire que Moughirah, alors qu’il approchait de sa fin, implora le pardon pour ‘Uthman Ibn ‘Affan (qu’Allah soit satisfait d’eux). Il dit : « O Seigneur pardonne à ‘Uthman Ibn ‘Affan et récompense le des meilleurs récompenses pour ses actions. Il appliqua Tes Lois et suivit la Sounnah de Ton Messager (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui). Il nous unifia, nous protégea et fut tué injustement. O grand Seigneur pardonne à ses partisans, à ses amis, à ceux qui l’aiment et le protégèrent et à ceux qui cherchèrent à le venger puis il implora contre ceux qui l’avait tué ».
Houjr se leva un jour dans la mosquée et se mit à crier en mal contre Moughirah si bien que tous ceux qui étaient présents et à l’extérieur l’entendirent. Il dit : « Tu ne fais pas attention à ceux à qui tu portes préjudices par tes actes. Ou sont nos bien que tu as arrêté de nous donner. Viens nous voir et distribuent nous les car ils ne t’appartiennent pas. Tu es devenu renommé avec la mort de l’Emir des Croyants (sous-entendu ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui)) et un support pour les criminels (sous-entendu les partisans de Mou’awiyah (qu’Allah soit satisfait d’eux) ».
At-Tabari a rapporté qu’un tiers de l’assistance s’est levé avec lui et se mirent à scander : « Houjr a dit la vérité ».
Al-Moughirah descendit du Minbar et rentra chez lui. Ses gens le rejoignirent et le critiquèrent à propos des sa réaction aux propos de Houjr. Cela allait conduire à deux évènements :
- Le premier, l’habitude des gens à se rebeller contre les dirigeants et l’autre la colère du calife à Damas contre Moughirah. Les gens lui demandèrent :
- « Après qui tu en as ? » Il répondit :
- « Moughirah ! Car je l’ai tué. Comment l’ai-je tué ? Il viendra un émir après moi et il le considérera comme moi et il lui fera comme il a fait avec moi. Il le tuera à sa première remarque. Ma fin approche et je ne veux pas pousser les gens de Syrie à tuer les meilleurs d’entre eux et à faire couler leur sang. Eux seront content tandis que moi je serais perdu. Afin que dans ce monde Mou’awiyah en tire de l’honneur tandis que Moughirah sera humilié le jour de Qiyamah ».
Lorsque Ziyad Ibn Abi Soufyan prit en charge son poste, il mit en garde Houjr Ibn ‘Adiyy et lui conseilla de ne pas répéter ce qu’il faisait lors du vivant de Moughirah. Ziyad lui dit : « Sache que je te connais, j’étais en compagnie de ton père pour une affaire que tu connais (sous-entendu qu’ils étaient des partisans de ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui). Si ton sang venait à couler une seule goutte, sache alors que je te viderais de tout ton sang. Retiens ta langue et reste à l’écart des problèmes afin que les ignorants ne te suivent pas ». Et Houjr qui connaissait Ziyad comprit bien ses paroles menaçantes.
Ziyad partageait son temps entre Koufa et Basra ou il restait six mois dans chacune des villes pour gérer les affaires des Musulmans.
Lorsqu’il partit pour Basra, les shiites de Koufa vinrent trouver Houjr et ils se réunirent régulièrement chez lui ou ils insultaient Mou’awiyah (qu’Allah soit satisfait de lui) et le reniaient.
Le secrétaire de Ziyad à Koufa, ‘Amr Ibn Hourayth, le mit en garde contre ses activités et lui envoya un messager qui lui dit :
- « Qui sont ces gens qui se réunissent chez toi alors que l’émir t’a mis en garde ? » Houjr Ibn ‘Adiyy lui répondit :
- « Ils critiquent ce que vous faites. Maintenant va-t’en ! » Et il le renvoya durement en lui disant :
- « Fait attention à toi et surveille ton dos ! »
Lorsque l’homme revint à ‘Amr et l’informa, celui-ci fit envoyer un messager à Ziyad lui demandant de revenir sur le champ à Koufa à cause de la gravité de la situation pouvant engendrer rapidement une révolte.
Lorsque Ziyad entendu le messager et les graves nouvelles, il revint sur le champ et dit : « Par Allah je vais couper le fil du coup du traitre obtus ».
Puis il envoya à Houjr trois compagnons du Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) : ‘Adiyy Ibn Hatim at-Tahi, Jarir Ibn ‘Abdillah al-Bajali et Khalid Ibn ‘Ourfouta al-Leythi, Leythi des Bani Bakr Ibn ‘Abdel Manaf Ibn Kinanah, (qu’Allah soit satisfait d’eux).
D’autres ont dit que c’était Khalid Ibn ‘Ourfouta Ibn Sou’ayr al- ‘Oudri : Hanif Ibn Zouhra (qu’Allah soit satisfait d’eux) et cela n’a pas d’importance.
Lorsqu’ils rencontrèrent Houjr, ils parlèrent avec lui mais il ne leur répondit pas. Plutôt, il dit à son serviteur :
- « O ghoulam, as-tu attaché le chamelon ? » ‘Adiyy Ibn Hatim lui dit :
- « Es-tu possédé ? Nous te parlons de choses sérieuses et tu nous dit : « O ghoulam, as-tu attaché le chamelon ? »
Puis, ils retournèrent à Ziyad et ne l’informèrent que de choses légères pour qu’il ne se mette pas en colère contre eux et lui demandèrent d’avoir pitié de lui.
Et il lui arriva ce que personne des Arabes n’attendait ni même Moug