Saint-Georges-sur-Loire (Maine-et-Loire).

Saint-Georges-sur-Loire (Maine-et-Loire).

Château de Serrant.

Le château a été construit sur une forteresse médiévale ceinturée de douves et qui a été transformée en demeure Renaissance par ses propriétaires successifs. Le château actuel est le résultat de plusieurs campagnes de construction au cours des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles.

En 1481, Louis XI autorise, par Lettres-patentes du 15 Décembre 1480, son chambellan Ponthus de Brie à faire fortifier son château de Serrant. Ponthus de Brie est le petit fils de Jean IV chevalier seigneur de Serrant et Grand Chambellan de Charles VII; et, fils de Gilles de Brie, seigneur de Serrant, dit "Fléau des Anglois"*. Les terres de Serrant vinrent probablement dans la famille de Brie par le mariage de Jean de Brie, deuxième du nom, avec Françoise de Serrant. C'est depuis cette alliance et la possession du château de Serrant que la Maison de Brie a pris le nom de "de-Brie-de-Serrant".

Péan de Brie, fils du précédent et d'Anne de Mathelon, seigneur de Serrant, vers 1530, souhaitant un nouveau château dans le goût de la Renaissance (Il avait fait les guerres d'Italie comme chevalier), fait appel à l'architecte angevin Jean Delespine*. Un contrat de charpenterie du corps principal, de 1539, permet de supposer que les travaux de maçonnerie sont antérieurs. Péan décède en 1542 ou 1543 en laissant les travaux inachevés à cause des ses ennuis financiers. Les travaux seront continués par son fils Charles qui devint seigneur de Serrant après la mort de son demi-frère aîné Magdelon.

Les difficultés financières amènent Charles à délaisser Serrant, il vendra plusieurs terres et s'installera comme locataire à l'hôtel de la Haute-Mule à Angers, en 1562. Le château est finalement vendu par adjudication en 1597, peu après sa mort. D'après la tradition, Charles fut assassiné par le sieur de Launay Le Maçon*.

En 1598, la terre de Serrant est vendue à un banquier d'origine toscane, Sardini*. Elle fut retirée par retrait lignager* en 16o3 par François de Maillard, sous le nom de Madelene de Maillard, sa fille. Le retrait lignager (retractus consanguinitatis) permettait, en droit civil coutumier, aux membres d'un lignage, de reprendre un bien héritable. Ce droit a été aboli en 1789.

Elle fut une seconde fois vendue, en 1607, à Hercule de Rohan de Montbazon (Le domaine lui a été une première fois vendu en 1596).

En 1636, Guillaume de Bautru, conseiller d'État, reprend le domaine et poursuit les travaux engagés par ses prédécesseurs, en respectant les plans d'origine.

En 1749, la dernière descendante de Guillaume Bautru, vend le domaine à une famille d'armateurs nantais d'origine irlandaise, les Walsh*. Les Walsh créeront un parc à l'anglaise.

En 1754, la seigneurie de Serrant est érigée en Comté par Louis XV. A la Révolution, l'origine irlandaise des Walsh protégera le château et celui-ci traversera la Terreur sans dommage. Le ralliement des Walsh à l'Empire leur vaudra une visite de l'Empereur. Celle-ci ne durera que deux heures, en raison de la capitulation de Bailen*, et la chambre préparée à son intention ne sera donc pas utilisée.

En 1830, Valentine Eugénie Joséphine Walsh de Serrant*, 20 ans, épouse Charles-Bretagne-Marie, duc de La Trémoille, 66 ans (Elle lui survivra presque 50 ans). C'est à leur fils que l'on doit la fameuse bibliothèque classée monument historique en 2001 (elle renferme 12 000 ouvrages). Bibliothèque conçue par l'architecte Lucien Magne, connu entre autres pour sa restauration de l'abbaye de Fontevraud.

A la mort du dernier duc de la Tremoille, en 1833, c'est son neveu, le prince Jean-Charles de Ligne qui hérite du château. Il sera autorisé à garder le nom de la Trémoille.

Ajourd'hui, le domaine est dans la famille de Mérode, par le mariage en 2005 de l'héritière du prince de Ligne La Trémoille avec le 3ème prince de Mérode.

* Gilles de Brie défendit & soutint le siége de Châtillon en Bourgogne. Il fut fait Chevalier à la bataille de Fourmigny en 1450, où il battit les Anglois commandés par le Général Talbot. Sa valeur lui fit mériter le surnom de Fléau des Anglois. (Dictionnaire de la noblesse française).

* Le maître maçon Jean Delespine est connu pour la construction de l'hôtel Pincé, bâtiment construit pour un maire d'Angers Jean de Pincé, entre 1523 et 1535. Le logis Pincé est actuellement un musée consacré aux antiquités grecques, romaines et égyptiennes, et aux art japonais et chinois.

* "En l'année 1564. le sieur de Launay Le Maçon, qui estoit Procureur du Roy au Presidial d'Angers, s'en alla la veille de la Fête des Rois en sa maison de campagne à deux lieües de cette ville au-delà du pont d'Espinard: il emmena avec lui plusieurs officiers du même Siége pour célèbrer ensemble les rejouissances de ce jour-là.
Après un grand repas le sieur Le Maçon entre onze heures & minuit faisant les honneurs de sa maiſon, conduisit ses hôtes, chacun dans la chambre qui lui estoit preparée.
On prétend qu'après cela le sieur Le Maçon monta à cheval, vint à toutes jambes en cette ville, s'arresta à la porte du logis Barraut, où il y avoit un grand bal ; qu'il fit avertir le sieur de Brie de Serrant qui y estoit, de venir à la porte parler à un homme qui l'y attendoit pour une affaire importante ; que le sieur de Serrant s'estant presenté , le sieur Le Maçon lui tira un coup de pistolet, dont il le renversa par terre, & dont la mort s'ensuivit.
Le sieur Le Maçon dans le moment remonta sur son cheval, & s'en retourna à toute bride à sa maison de campagne. Le lendemain au matin, il alla trouver ses amis dans leurs chambres, leur faire les complimens ordinaires en pareilles occasions, & leur proposer des parties de plaisir.
Cependant le bruit de la mort du sieur de Serrant se répand dans la salle du bal , & bientôt dans toute la ville. On s'informe de l'auteur de ce meurtre : on n'en trouve aucune preuve certaine. On se jette sur les conjectures. La premiere qui se preſente est que ce coup est parti d'une main ennemie, Inimicus homo hoc fecit.
On sçavoit qu'il y avoit une grande inimitié entre le ſieur Le Maçon & le sieur de Serrant. Les soupçons tombent sur ledit sieur Le Maçon.
D'un autre côté ses amis qui estoient à sa maiſon de campagne, se tuent de le justifier; ils affirment qu'ils
ne l'ont presque pas perdu de vûë; qu'ils l'ont vû le soir & le matin fort tranquille, &c.
Cela n'empêche pas que les enfans du sieur de Serrant n'accusent ledit sieur Le Maçon d'être l'auteur de cet assassinat. Ils font informer contre lui, produisent des témoins ; un entre autres qui dit avoir passer et & repasser sur le pont d'Espinard, qui subsistoit alors, un homme monté sur un cheval blanc ; & le sieur Le Maçon avoit alors un cheval de ce poil-là. En conséquence d'un decret de prise de corps , le sieur Le Maçon fut emprisonné : mais comme il estoit habile, il se défendit si bien , forma tant d'incidens, qu'après 36.ans de poursuite, il ne put estre ni convaincu ni justifié. Dans le cours de la procedure, il s'inscrivit en faux contre la déposition de plusieurs témoins qui furent condamnez & exécutez comme faux témoins.
Il restoit neanmoins encore, sinon des preuves claires, dumoins des indices si violens, que la Cour demeuroit en suspens. Outre que le procès criminel s'estoit si fort grossi par la multiplicité des incidens, pendant une si longue suite d'années, que pour le faire juger, il auroit fallu consigner des sommes immenses, que les accusateurs ni l'accusé n'estoient pas en état de fournir, parce que les uns & les autres s'estoient ruinez à la poursuite de ce procès.
Les choses estoient en cet état, lorsque les sieurs de Saint Offange commandans des châteaux de Rochefort sur Loire pour le parti de la Ligue firent leur traité avec le Roy Henry IV. en l'année 1598.
Par un des articles de ce traité qui fut signé par le Roy le premier Mars 1598. les sieurs de St. Offange, qui estoient parens des sieurs de Serrant & Le Maçon, obtinrent du Roy, qu'attendu la longue détention du sieur le Maçon qui duroit depuis 34 ans, l'impossibilité
où estoient les parties de faire juger le procès par la ruine de leurs familles, la presomption en faveur du sieur Le Maçon resultant du défaut de preuves & des conclusions de Mess. les Gens du Roi,qui consentoient à son élargissement, ledit procès criminel demeurât assoupi pour le crime, & la recherche du crime esteinte, supprimée & abolie, sauf aux parties à poursuivre à fin civile leurs reparations, dommages , interests & dépens. Et ledit traité de Rochefort ayant esté enregistré au parlement de Paris par Arrest du 10. Mars 1598. le-dit sieur le Maçon sortit enfin des prisons après y avoir vieilli , & perdu son honneur & ses biens.
L'impuissance où se sont trouvées les parties de faire juger le procès aux fins civiles, & le peu d'esperance qui leur restoit de faire exécuter les condamnations contre ceux qui succomberoient, à cause de leur ruine respective, en ont fait abandonner la poursuite.
J'ay entre mes monumens un exemplaire de ce traité de Rochefort, dont l'art. 15. contient l'abolition & les motifs cy-dessus expliquez." (Coustumes du Pays et Duché d'Anjou... Par M. Claude Pocquet de Livonnière, Conseiller au Presidial, & ancien Professeur du Droit François en l' Université d'Angers. Paris 1725.)

* Scipion Sardini, avait accumulé une fortune considérable grâce à ses activités financières au service de la cour de Catherine de Médicis. Un fastueux hôtel parisien, dans le Vème, porte son nom. Il y a aussi un hôtel Sardini à Blois (flic.kr/p/dC3m59). Jalousé, on disait de lui : "naguère sardine, aujourd’hui grosse baleine".

* La fortune des Walsh est largement assise sur la course et le trafic négrier. Antoine-Vincent Walsh, né le 22 janvier 1703 à Saint-Malo, mort le 2 mars 1763 au Cap-Français (Saint-Domingue), un des plus importants homme d'affaires de Nantes est connu en tant que capitaine-corsaire et armateur négrier. Il est fondateur de la Société d'Angola, compagnie (capital 2 millions de livres) qui a pour but de pratiquer la traite des Noirs le long de la côte du même nom. Comme le dira l'historien Gaston Martin (1886-1960) :"Il n’y a pas à Nantes un seul gros armateur qui, entre 1714 et 1789, n’ait pas acheté et vendu du nègre...". La Chambre de Commerce de Nantes conserve une collection de rapports de 1750 à 1789; la conclusion de l'un d'eux est éloquente quant à l'importance de la traite : "... en un mot l'abandon du commerce de Guinée entraînerait infailliblement la perte du commerce des Colonies; de là le fait que nous n'avons point de branches de commerce aussi précieux en l'Etat que le commerce de Guinée et qu'on ne saurait trop le protéger." (Cité dans l'ére des négriers 1714-1774 par Gaston Martin. ISBN 2686537644068).

* La "Reddition de Bailèn", le 19 juillet 1808, voit la défaite du général Pierre Antoine Dupont de l'Étang (ancien héro de Friedland), face aux espagnols du général Francisco Javier Castaños.
Profitant d'une discorde entre le roi Charles IV à son fils Ferdinand, Napoléon obtint la double abdication du père et du fils et donne le royaume d'Espagne à son frère Joseph. Mais le peuple espagnol se soulève et pratique une terrible guérilla contre les français. La défaite du général Dupont à Bailen montra qu'une armée de paysans, pratiquant la guérilla, pouvait battre les armées napoléoniennes. C'est la première défaite de l'Empire.

* Valentine Eugénie Joséphine Walsh de Serrant était la fille tard venue de Louise Charlotte Rigaud de Vaudreuil, dame du Palais de l'impératrice Joséphine de Beauharnais (1804-1810) et, dit-on, amante de Napoléon.
Valentine aura pour parrain et marraine Napoléon et Joséphine. Elle sera baptisée à Malmaison par Mgr Louis-Mathias de Barrai, premier aumônier, en juin 1810. D'autre enfants sont baptisés en même temps; Joséphine-Eugénie Ordener fille du général Michel Ordener, Marie-Jean-Joseph-Eugène Sue fils du premier médecin de la garde, enfin Eugène-Joseph Lucas d'une branche bâtarde de M. de Buffon. Marie-Jean-Joseph-Eugène Sue sera plus connu sous le nom d'Eugène Sue, l'auteur des Mystères de Paris.

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Camera: RICOH IMAGING COMPANY, LTD. PENTAX KP, f/8.0, 1/250 sec, 42.5mm (=64mm), ISO 200 (more info) (hide info)

Camera:	RICOH IMAGING COMPANY, LTD. PENTAX KP
Aperture:	f/8.0
Exposure Time:	0.004 sec (1/250)
Focal Length:	42.5mm (35mm equivalent: 64mm)
ISO:	200
Exposure Bias:	+0.7 EV
Flash:	Off, Did not fire
Exposure Program:	Program AE
Exposure Mode:	Manual
Metering Mode:	Multi-segment
White Balance:	Auto
Contrast:	High
Sharpness:	Hard
Color Space:	Uncalibrated
Software:	Adobe Photoshop Elements 9.0 Windows
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