la statue qui surplombe la Colonne de Juillet, place de la Bastille à Paris, monument dédié aux victimes de la Révolution de 1830. Aérien, il semble planer, portant dans la main droite un flambeau et dans la gauche les chaînes brisées du despotisme. La liberté est rarement figurée par une figure masculine.
Le Génie de la Liberté représente « la Liberté qui s’envole en brisant des fers et semant la lumière ». Il est nu, le pied gauche posé sur la sphère, la jambe droite levée, les ailes déployées, une étoile sur le front. Il tient dans la main gauche une chaîne brisée, et de la droite le flambeau de la civilisation. Cette sculpture en bronze doré a été réalisée par Auguste Dumont.
Un génie aérien
Svelte, les bras étendus, les ailes déployées, en appui sur la pointe du pied gauche, le génie s’élance dans les airs. La pose ressemble à celle du Génie peint par Jean-Baptiste Regnault au centre de sa composition La Liberté ou la Mort (Hambourg, Kunsthalle) en 1795, mais rien ne permet d’affirmer que Dumont connaissait l’œuvre. Le sculpteur semble vouloir rivaliser avec le célèbre Mercure volant de Jean Bologne (un exemplaire au Louvre M.R. 3271), dont il reprend l’élan aérien sans le mouvement spiralé. Avec son beau visage régulier, ce génie évoque aussi le Saint Michel terrassant le Démon de Raphaël (INV. 610, Louvre).
Une allégorie masculine
En rupture avec la tradition artistique, la liberté est symbolisée par une figure masculine. Sans doute, le pouvoir jugeait inopportun une représentation féminine, référence trop explicite à la Liberté de 1789, révolutionnaire et républicaine. Le génie ne porte d’ailleurs pas de bonnet phrygien, attribut habituel de la liberté, et dont d’autres artistes commémorant la révolution de 1830 coiffent leur allégorie : ainsi le peintre Delacroix dans La Liberté guidant le peuple (1830, R.F. 129, Louvre) ou le sculpteur David d’Angers, dans sa statuette de la Liberté (1839, R.F. 1963, Louvre). Assez mal accueillie par la critique, l’œuvre devint populaire sous le nom de "Génie de la Bastille".
La Colonne de la Bastille
Le roi Louis-Philippe ordonna par décret du 13 décembre 1830 la construction d’un monument à la mémoire des victimes de la Révolution de Juillet (1830). Les Trois Glorieuses (autre nom de ces journées révolutionnaires) avaient chassé Charles X du trône dans l’idée d’instaurer une république, mais aboutirent à l’institution d’une monarchie parlementaire. En 1831, le roi opta pour un monument en forme de colonne, érigé sur la place de la Bastille. La colonne, en bronze, commencée en 1833 par l’architecte Alavoine et achevée par son collaborateur Duc, mesure 50 mètres de haut. Le sculpteur Barye réalisa pour le soubassement des Coqs et un haut-relief de Lion marchant. À l’intérieur du socle, une galerie donne accès aux caveaux où furent déposés les restes des victimes de juillet 1830 ; plus tard on y déposa aussi les victimes de la Révolution de 1848.
Pour couronner la colonne, le roi choisit, peut-être sur l’intervention d’Adolphe Thiers, Le Génie de la Liberté, sculpture dont Augustin Dumont avait exécuté le modèle en plâtre à demi-grandeur (musée de Semur-en-Auxois) dès 1833, sans avoir reçu de commande officielle : il présenta le bronze au Salon de 1836. En 1885, peu après la mort de l’artiste, le Louvre commanda une réplique de la statue, réalisée d’après le modèle en plâtre