C'est quoi la FBK Party ? Une espèce de flash mob organisée simultanément dans plusieurs grandes villes de France. Comme pour une flash mob classique, les gens se donnent le mot par facebook, twitter et autres...
Sauf que...
Sauf que là, il y avait premièrement un but : faire de la pub pour SOS Villages d'Enfants. Sur place, pas une pancarte, pas un autocollant, pas un t-shirt... rien qui ne fasse penser à l'association (soit disant) partenaire.
Sauf que là, tout n'est pas parti de rien. En fouillant bien, on se rend compte que c'est une société à but commercial (Buzz Party SARL... tout un programme) qui a lancé la chose.
Je me souviens d'un papier de Francis Pisani, qui date de 2003, et que j'ai recherché pour l'occasion. Il y expliquait que plusieurs acteurs de l'époque s'inquiétaient de voir le phénomène détourné à des fins commerciales.
Alors, vous allez me dire "ouai, mais faire de la pub pour une assoc, c'est pas commercial". Oui, bien que ça détourne l'esprit même d'une flash mob (qui n'a aucun but), ça peut passer. Mais si on se demande pourquoi la Buzz Party SARL a voulu faire cette pub, c'est là que ça peut faire tilt.
Buzz Party SARL, qui a pour but de "vendre du buzz" à des sociétés privées, se la joue aussi "je vais aussi promouvoir les artistes". Pour m'amuser, je me suis inscrit officiellement, et ai répondu au mail collectif qui demandait aux photographes et vidéastes de se faire connaître. Le mail demandait de faire parvenir photos et vidéos, pour un montage final qui sera lancé sur Youtube.
Ca s'est toujours fait, de lancer photo et vidéo de flash mob sur Youtube ou autre... Certains s'arrangeaient pour récupérer plusieurs fichiers, les mettre les uns après les autres, balancer ça sur le net... Cette fois-ci, la chose va être institutionalisée, probablement à grands renforts de logo de la boîte, qui a déjà déposé l'appellation "FBK Party".
Et pour que le clip vidéo soit joli, on demande aux gens d'en faire un max : on commence par allumer les MP3 (sur lequel on a téléchargé une musique sur laquelle figurent les instructions), on fait de la gym, puis on se fait la bise, puis on danse la macarena, puis on fait la chenille, puis on freeze, puis c'est terminé... Soit 6 séquences sur la vidéo. Buzz Party a aussi demandé aux "artistes" de bien prendre photos et vidéos avant que les gens arrivent, et après. Soit 2 séquences de plus visant à renforcer (à l'image) l'ampleur de la chose. Bref, de quoi faire un beau clip institutionnel à balancer aux clients pour montrer ce que sait faire Buzz Party SARL. Sur une idée entièrement inspirée (pompée) de ce qui s'était déjà passé ailleurs dans le monde.
Bien, mais les gens sont au courant, et si ça les dérange, ils n'y vont pas. C'est peut être pour ça que sur Grenoble, ça a été un véritable flop. Malgré les 1000 participants annoncés sur facebook (histoire de faire monter la sauce), moins d'une cinquantaine s'amusaient à faire des singeries, se faisant photographier, et donnant, de manière détournée, leur image à Buzz Party (parce que quand t'es dans un évènement public, bah le droit à l'image = mes couilles, et le clip Buzz Party ne sera pas officiellement commercial).
Quant aux autres, ceux qui sont venus, après avoir fait un tour de papotte, on se rend compte que personne ne semble au courant de la chose. "Bah, c'est une flash mob, c'est quelqu'un qu'on connait pas qui a lancé ça sur facebook !". C'est ce qui sortira lundi sans le journal local (j'ai même espionné la journaliste pour voir ce qu'elle allait mettre : ça vient de facebook, c'est spontané...personne ne lui a parlé de l'association d'ailleurs).
Les flash mob sont un des rares liens existants entre le monde virtuel et le monde réel (au delà des sorties flickr, bien sûr). Voir ce lien petit à petit accaparé à des fins commerciales m'exaspère. Le jour où 300 jeunes viendront sous mes fenêtres, décapsuleront leur canette de coca et chanteront "c'est bon coca cola, c'est meilleur que pepsi cola", je leur expédie mon stock de caca que je suis en train de mettre en seau, et leur collerai leur lien social au cul.