Historique
Vers 1817, Etienne Joseph Pouguet demande l'autorisation d'établir une usine composée de deux moulins à blé et d'une huilerie sur la rive droite de la Loue. En décembre 1820, seul le moulin abritant deux paires de meules est construit, et en activité. Ces meules sont actionnées par deux roues hydrauliques pendantes, "suspendues par des balanciers arrêtés à des poutres traversant les murs ; ces roues s'élèvent au gré des eaux, de manière qu'il n'y a pas même d'empellement [vanne]". Mis au point par Etienne Joseph Pouguet, ce système ne nécessite pas de barrage pour réguler la hauteur d'eau, mais l'ingénieur précise "qu'à l'époque de l'étiage [basses eaux], le sieur Pouguet place quelques planches indiquées sur le plan […]", afin d'orienter le flux en direction des roues. L'ordonnance royale du 8 août 1821 autorise Pouguet à conserver son moulin et à ajouter une seconde roue (qui en fait existe déjà).
L'invention de Pouguet est récompensée en 1821 par la Société d'encouragement pour l'industrie nationale. Le charpentier-mécanicien se voit décerner une somme de 1000 francs pour avoir inventé "un moulin à eau qui n'obstrue pas le cours des rivières, et ne nuise ni à la navigation, ni au flottage, ni à l'irrigation, ni aux prairies". Par l'ordonnance royale du 10 août 1825, E.J. Pouguet est autorisé à établir, juste en amont de la première, une usine composée d'une scierie et d'une huilerie, mise en jeu par une roue suspendue. Une nouvelle ordonnance, signée le 25 décembre 1831 autorise l'établissement d'une quatrième roue suspendue, située légèrement en amont, permettant d'actionner "plusieurs scies propres à refendre du bois de placage pour meubles ou un moulin à bled". D'après l'annuaire du département de 1844, l'usine emploie 9 ouvriers et fabrique annuellement, en plus de la farine, "18 000 litres d'huile et 2200 douzaines de planches, lattes, lambris". La matrice cadastrale signale un agrandissement du moulin en 1846. Vers 1850, le site est exploité par la veuve d'E.J. Pouguet, puis leur fils Achille. Les trois roues d'aval actionnent six paires de meules et la roue d'amont met en jeu, au choix, deux scies, une huilerie, une ribe, un battoir et un atelier de mécanicien.
En 1869, Achille Pouguet cède son usine à Sériot père et fils. Elle est agrandie cette même année vers l'ouest (actuel atelier à deux étages ?), et peut-être convertie en minoterie, équipée d'appareils à cylindres. Un hangar est construit en 1878. En 1893, l'établissement est réputée produire de la "mouture hongroise" et est équipée de quatre paires de meules et quatre appareils à cylindres. A cette époque, il est louée à Xavier Perrot et moud une moyenne annuelle de 7000 hl de blé. La minoterie est ensuite exploitée par les frères Perrot, puis par Gustave, l'un d'eux, et vraisemblablement acquise par ce dernier en 1920. Son fils Paul reprend l'affaire vers 1930. Jusqu'à l'installation d'un moteur diesel d'appoint vers 1932, la minoterie a continué à utiliser les roues pendantes comme moteurs. Le site est acheté au milieu des années 1950 par Pierre Chays. La fabrication de farine panifiable est arrêtée vers 1960, et celle des aliments pour le bétail est transférée vers 1978 dans de nouveaux locaux situés vers la gare SNCF. La minoterie a ensuite été transformée en habitation. Le matériel a disparu, à l'exception d'une roue suspendue, toujours en place contre la façade sud.
La roue pendante
Quand le moulin est construit sur un pont, ou même sur pilotis, cette roue est forcément située au-dessous de l’édifice. On dit alors que le moulin est à roue pendante. On devait la hausser ou la descendre au moment des crues et des périodes de sécheresse, afin qu’elle reste en contact avec l’eau. La roue pendante est une roue à aubes qui peut être montée ou descendue grâce à un système de relevage avec vis et vérins. À l’intérieur du moulin, les vis et vérins en bois sont sur le plancher, sorte de plate-forme à laquelle est suspendue la roue motrice et qui supporte l’ensemble du mécanisme et les meules.
Autre principe de roue pendante que l'on trouvait sur la Loue : le moulin Pouguet à Ornans et le moulin de Vuillafans dont les roues étaient suspendues à l’intérieur d’un châssis qui fait saillie au-dessus de la rivière. Ces roues étaient fixées à des poutres métalliques pouvant pivoter à une extrémité et s'élever au gré de la hauteur d'eau de la Loue grâce à un système de chaînes enroulées sur un treuil (invention d'Etienne Joseph Pouguet).
Historical
Around 1817, Etienne Joseph Pouguet asked for permission to establish a factory made up of two wheat mills and an oil mill on the right bank of the Loue. In December 1820, only the mill housing two pairs of millstones was built, and in operation. These grindstones are actuated by two pendulous hydraulic wheels, "suspended by balances stopped on beams crossing the walls; these wheels rise with the water, so that there is not even piling [valve]. ". Developed by Etienne Joseph Pouguet, this system does not require a dam to regulate the water level, but the engineer specifies "that at the time of low water [low water], the Sieur Pouguet placed a few planks indicated on the plan […] ", in order to direct the flow towards the wheels. The royal decree of August 8, 1821 authorizes Pouguet to keep his mill and to add a second wheel (which in fact already exists).
Pouguet's invention was rewarded in 1821 by the Society for the Encouragement of National Industry. The carpenter-mechanic is awarded a sum of 1000 francs for having invented "a water mill which does not obstruct the course of rivers, and does not interfere with navigation, flotation, irrigation, or waterways. meadows ". By the royal decree of August 10, 1825, E.J. Pouguet was authorized to establish, just upstream from the first, a factory made up of a sawmill and an oil mill, brought into play by a suspended wheel. A new ordinance, signed on December 25, 1831 authorizes the establishment of a fourth suspended wheel, located slightly upstream, making it possible to operate "several saws suitable for splitting veneer wood for furniture or a bled mill". According to the directory of the department of 1844, the factory employs 9 workers and produces annually, in addition to flour, "18,000 liters of oil and 2,200 dozen boards, slats, paneling". The cadastral matrix indicates an expansion of the mill in 1846. Around 1850, the site was exploited by the widow of E.J. Pouguet, then their son Achille. The three downstream wheels actuate six pairs of grindstones and the upstream wheel brings into play, as desired, two saws, an oil mill, a ribe, a beater and a mechanic's workshop.
In 1869, Achille Pouguet sold his factory to Sériot father and son. It was extended that same year to the west (current two-storey workshop?), And perhaps converted into a flour mill, equipped with cylinder devices. A shed was built in 1878. In 1893, the establishment was considered to produce "Hungarian grind" and was equipped with four pairs of grindstones and four cylinder devices. At that time, it was rented to Xavier Perrot and grinds an annual average of 7000 hl of wheat. The flour mill was then operated by the Perrot brothers, then by Gustave, one of them, and probably acquired by the latter in 1920. His son Paul took over the business around 1930. Until the installation of an engine auxiliary diesel circa 1932, the flour mill continued to use the dangling wheels as engines. The site was bought in the mid-1950s by Pierre Chays. The production of bread flour was stopped around 1960, and that of animal feed was transferred around 1978 to new premises located near the SNCF station. The flour mill was then transformed into a dwelling. The material has disappeared, with the exception of a suspended wheel, still in place against the south facade.
The hanging wheel
When the mill is built on a bridge, or even on stilts, this wheel is necessarily located below the building. The mill is then said to have a hanging wheel. It had to be raised or lowered during floods and droughts to keep it in contact with the water. The hanging wheel is a paddle wheel that can be raised or lowered using a lifting system with screws and jacks. Inside the mill, the wooden screws and jacks are on the floor, a sort of platform from which the drive wheel hangs and which supports the entire mechanism and grindstones.
Another principle of the hanging wheel found on the Loue: the Pouguet mill in Ornans and the Vuillafans mill whose wheels were suspended inside a frame that protrudes above the river. These wheels were fixed to metal beams which could pivot at one end and rise according to the water level of the Loue thanks to a system of chains wound on a winch (invention of Etienne Joseph Pouguet).