La-Guerche (Indre-et-Loire) - a photo on Flickriver

La-Guerche (Indre-et-Loire).
Commune du Grand-Pressigny.

Le château.

L'actuel château, construit sous Charles VII, remplace un château du XIème siècle, lui même occupant probablement la place d'un ancien poste militaire romain.

Construit sur la rive droite de la Creuse, à la frontière de la Touraine et du Poitou, le château de la Guerche constitue un exemple remarquable de l'architecture de la fin du XVème siècle.

Le toponyme de "Guerche" évoque une origine germanique de l'époque Mérovingienne. Le mot guerche étant dérivé du francique "werki", ou "wirkia", qui signifie ouvrage défensif. Une cinquantaine de lieux portent ce toponyme en France.

On trouve mention de l'existence d'un château à la Guerche dans un acte de donation en faveur de l'abbaye de Preuilly, acte passé "in castro Wirchiae" vers 1095.
"Facta est haec donatio Deo et S. Petro Prulliaci in festivitate S. Marcelliani in castro Wirchiae, et donum accepit abbas, videntibus fratribus suis"
"Cette donation a été faite à Dieu et à Saint Pierre de Preuilly lors de la fête de Saint Marcellin au château de La Guerche, et l'abbé a accepté le don en présence de ses frères."

Au XIIème siècle, la Guerche relève de la seigneurie de Preuilly.

Le 19 octobre 1450, André de Villequier*, premier gentilhomme de la chambre du roi Charles VII, acquiert le domaine de La Guerche (et Étableaux) des mains de Nicole Chambre (Nichols Chamber), capitaine des gardes écossais du roi**. André de Villequier a fait construire le châtelet d'entrée. En 1450 André Villequier s'était marié avec Antoinette Maignelais, jeune cousine d'Agnès Sorel, la favorite du roi. Le couple aura trois enfants : Artus de Villequier (vers 1451-1522), Antoine de Villequier de Saint-Sauveur (vers 1452-1495), Jeanne de Villequier (morte en 1458).

Du 15 avril 1451 au 20 mai de la même année, le roi Charles VII séjournera, avec sa cour, au château de La Guerche.

En mai1452, le roi Charles VII rachète la suzeraineté de La Guerche au baron de Preuilly. La vicomté de La Guerche réunie au duché de Touraine devient ainsi vassale directe du roi de France.

L'actuel château a très vraisemblablement été édifié à la fin du XVème siècle par Artus de Villequier et sa mère, Antoinette de Maignelais***, qui a hérité du domaine par testament le 15 juin 1454 (André étant mort en avril). Environ trois mois après la mort d'Agnès Sorel, Antoinette devient pendant une décennie la maîtresse du roi qui la comble de dons. En particulier, le Roi fait rebâtir le château de La Guerche.

À la mort d'Antoinette de Maignelais, la succession entraîne le partage des biens. Le château de La Guerche reste la propriété d'Artus de Villequier, le fils aîné. La famille de Villequier conserva la vicomté tout le XVIème siècle, jusqu’en 1607. Les Villequier reçurent à La Guerche Catherine de Médicis et Henri III.

En 1592, le château est pillé par les troupes royales (Henri IV) et protestantes**** en représailles de l'appui de Claude de Villequier, vicomte de La guerche, à son fils, Georges, chef de la Ligue en Poitou.

En 1607, La Guerche entre dans la famille d'Aumont par second mariage de Charlotte-Catherine de Villequier avec Jacques d'Aumont seigneur de Chappes. Charlotte Catherine, fille de René de Villequier et de Françoise de la Marck*****, avait d'abord épousé François d'Ô (du château d'Ô à Mortrée), seigneur de Maillebois et de Fresnes, décédé en 1594.
François d'Ô avait été impliqué dans le massacre de la Saint-Barthélémy en 1572. En1573, René de Villequier, l’un des favoris du roi (Henri III), lui promet la main de sa fille unique Charlotte-Catherine de Villequier, âgée de 11 ans (François d'Ô ayant 22 ans), François d'Ô l'épousera une dizaine d'années plus tard.

Le fils aîné de Charlotte-Catherine de Villequier et Jacques d'Aumont, César d'Aumont, gouverneur de Poitiers puis de Touraine, hérite du château.

Couvert de dettes, César contracta le 9 mars 1654 une obligation de 2400 livres de rente, assise sur ses terres de Clervaux et de La Guerche, en faveur de Hélie Lesné, prêtre, Sieur de la Marguerie, qui lui avait prêté 48000 livres.

La situation dégradée laissée par César d'Aumont conduira la famille à vendre le domaine . Ruinée et ayant hérité des dettes de sa famille, Charlotte-Catherine d'Aumont vendit la Vicomté par acte du 2 août 1709 à Georges du Thil (ou du Theil) seigneur de Marigny pour 187000 livres. Le même fut obligé de vendre la Vicomté le 22 septembre 1719 à Jean André de Montgeron qui par spéculation s'était trouvé à la tête d'une immense fortune. Les billets de banque émis par la banque Law tombèrent en discrédit et les affaires de Jean André commencèrent à péricliter, et le 25 mai 1735, la terre fut mise aux
enchères et adjugée à Marc-Pierre de Voyer de Paulmy, Comte d’Argenson.

Le chateau acheté par Marc-Pierre de Voyer de Paulmy, comte d'Argenson en 1735 (mais qui ne put en prendre possession que 5 ans plus tard), lieutenant de police puis ministre de la Guerre de 1742 à 1757, n'utilisera le château de la Guerche que pour les chasses dans les forêts alentours et pour abriter la meute de chiens.

En 1794, les parties hautes des tours sont démolies suivant un décret de la Convention du 13 pluviôse an II ordonnant la démolition de l'appareil militaire des forteresses de l'intérieur. Le ci-devant marquis Marc-René-Marie d'Argenson qui avait adopté les principes de la Révolution, vit alors dans la clandestinité (depuis la journée du 10 août 1792). Partisan de la Révolution de 1830, il fut élu député le 21 octobre 1830 dans le 2e arrondissement de la Vienne (Châtellerault) .

A partir de 1810, Marc-René-Marie de Voyer d’Argenson entreprit de démolir les chemins de ronde du château. Le château n’étant pas habité était certainement très peu entretenu. A partir de 1805, le château sert de carrière au marquis d'Argenson pour réparer les dépendances du domaine et construire un moulin sur la Creuse.

En 1822, le château est mis en vente sans succès. En 1825, le château entre dans la dot de Victorine d'Argenson qui épouse André-Rodolphe de Croy. Le couple s'installe à La Guerche et entreprend d'importants travaux de restauration. André-Rodolphe fut maire de La Guerche en 1854.

En 1906, Henri de Croy entreprend d'importants travaux de sauvetage et de modernisation.

Le château de La Guerche appartient désormais à la famille De Crouy-Chanel******.

* André Villequier, noble normand, arrivé à la cour en 1442, est rapidement devenu chambellan et un des principaux conseillers du roi. Faisant partie des “mignons” du roi, celui-ci lui le comble de dons. En 1450 André Villequier s'était marié avec Antoinette Maignelais, jeune cousine d'Agnès Sorel, la favorite du roi.

** La garde écossaise fut créée que sous le règne de Charles VII pour sceller l'Auld Alliance. L’Auld Alliance est une alliance, contre le royaume d'Angleterre, entre le royaume de France et les royaumes d’Écosse et de Norvège . Les couleurs de la garde écossaise étaient "rouge, blanc et vert", comme nous le montre cette miniature de Jean Fouquet : www.photo.rmn.fr/archive/02-006555-2C6NU0G5IP71.html

*** Peu avant 1450, Antoinette arrive à la cour de Charles VII. Elle est fille de Jean de Maignelais (mort avant 1462) époux de Marie de Jouy, capitaine de Gournay-sur-Aronde (qu'il défend contre les Bourguignons) et Creil. Antoinette, en tant que cousine germaine d’Agnès Sorel maîtresse du roi, va rapidement prendre la place de celle-ci après sa mort le 9 février 1450. Après avoir été maîtresse du roi de France , elle rejoindra, en 1460, la cour de François II, duc de Bretagne, dont elle deviendra la maîtresse.

**** La prise du château de La Guerche s'inscrit dans la lutte du pouvoir royal contre le mouvement ligueur. La ville de Tours, devenue capitale royale par la volonté d'Henri III, comptait pourtant un puissant mouvement ligueur. Les ligueurs tentèrent de se rendre maîtres de la ville par trois fois, sans y parvenir. L'assaut des troupes de Georges Villequier et du maréchal de La Châtre, qui contrôle l’Orléanais, en août 1589, vit le projet échouer.

***** Françoise de la Marck, fille illégitime de Guillaume de La Marck, finira tragiquement : dans la nuit du 4 au 5 septembre 1577, René de Villequier, ayant surpris sa femme en flagrant délit d'adultère, la poignarda, dans la maison royale à Poitiers, ainsi qu'une femme de chambre qui se portait à son secours. Certains affirment qu’il agit ainsi sur l’ordre du roi Henri III ; il ne fut pas inquiété pour ce meurtre.

****** Le 23 juin 1944, Etienne-Marie-René-Philibert de Crouy-Chanel, sauva 80 habitants de La Guerche pris en otage par les allemands en négociant avec ceux-ci dans leur langue. Il avait été, collaborateur d'Alexis Léger (Saint-John Perse) au Quai d'Orsay.

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